Photo : Slimene S.A. Les quatre jours de protestation qui ont gagné plusieurs villes du pays se sont soldés par deux morts et 320 blesses parmi les forces de l'ordre, y compris la gendarmerie et moins d'une centaine parmi les jeunes, c'est le bilan qu'a dressé, hier, sur les ondes de la radio nationale, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia. Au moment où il précisait que des enquêtes judiciaires vont se pencher sur les causes de la mort du jeune de M'sila, un communiqué de la cour fait état de la décision du procureur de la République près le tribunal de Sidi Aïssa d'ordonner l'ouverture d'une enquête préliminaire et de «pratiquer une autopsie du corps du défunt afin de déterminer les causes du décès, et prendre les mesures légales à la lumière de l'examen nécropsique». Le ministre avait précisé auparavant que le jeune a été tué par balle «au moment où il tentait de faire intrusion dans un commissariat de police» à Ain Lahdjel. Quant au deuxième survenu dans la ville de Bousmaïl, dans la wilaya de Tipasa, «il est mort à l'hôpital des suites de blessures», a-t-il ajouté, précisant que «les conditions de cette mort restent à élucider». Revenant sur les événements, le ministre de l'Intérieur a qualifié les actes de violence survenus ces derniers jours d'«agissements criminels». Les jeunes se sont attaqués à des édifices publics et ont pillé des commerces, cela obéit à des «instincts revanchards», dira M. Ould Kablia. Ces actes «n'ont rien à voir avec les problèmes économiques». Pour le ministre, «ces actes ne sauraient être impunis» annonçant du coup l'interpellation par la justice des fauteurs de troubles. A une question sur les partis politiques et les associations de la société civile, M. Ould Kablia a relevé que ces partis ont pris des positions à travers les déclarations de leurs états-majors, «déplorant», cependant, de ne pas avoir vu sur le terrain «ni les militants des partis, ni les membres des multiples associations de la société civile agréées». Faisant le point de la situation, M. Ould Kablia a relevé un retour au calme, tout en regrettant «un bilan extrêmement sévère» en rapport avec les dégâts occasionnés. Il a lancé un appel aux jeunes pour «revenir à la raison», faisant observer que les actes de violence ne servent pas leurs intérêts. Rappelant les mesures «sans précédent» prises par le gouvernement depuis une décennie pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens en matière d'emploi, de revenus et de logements, M. Ould Kablia a annoncé d'autres mesures dans le cadre d'une «politique de concertation». «D'autres mesures seront prises dans les prochains mois», a-t-il ajouté, soulignant que «les problèmes urgents seront solutionnés en priorité, en associant les jeunes qui sont nos enfants». M. Ould Kablia a, en outre, reconnu que ces jeunes font face à des problèmes «propres à leur tranche d'âge», mais, a-t-il dit, «ce n'était pas de cette manière qu'il fallait les exprimer». Le ministre s'est, toutefois, interrogé si le chômage touchait les jeunes de 14-18 ans, interviewés par les chaînes de télévisions satellitaires. Le ministre a estimé que ces jeunes sont «le produit de la formation, de la famille qui ne joue pas son rôle, de la rue ou du discours fanatique de certains cercles qui leur ont fait perdre tous les repères». A une question sur la cherté» de la vie, le ministre a qualifié le «renchérissement» des prix d' «artificiel» et «injustifié», d'où, a-t-il ajouté, «un impact négatif ayant suscité l'inquiétude légitime au sein de toutes les couches sociales». M. Ould Kablia a estimé, dans ce contexte, qu'il y a eu un «dysfonctionnement» au niveau de la chaîne de distribution de certains produits, précisant que des analyses sont en cours pour des solutions adaptées. Ces actes de violence ont été unanimement réprouvés et dénoncés. La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, considère qu'aussi légitimes soient-ils (les motifs de ces manifestations), ils ne sauraient justifier l'usage de la violence et des exactions à l'encontre des édifices publics -qui symbolisent l'Etat -et des commerces appartenant à des particuliers». La CNCPPDH rappelle que les actes de violence «sont contraires aux droits de l'homme et qu'ils retardent l'édification de l'Etat de droit à laquelle aspire précisément cette jeunesse».