L'approche de l'Union européenne (UE) à l'égard de ses voisins de l'Est et du Sud, dévoilée dans la nouvelle politique européenne de voisinage (PEV) adoptée récemment par le Collège des Commissaires est « plus politique » et « moins dogmatique » qu'elle ne l'était, a estimé une source diplomatique à Bruxelles. « Avant l'UE dictait à ses voisins ce qu'il faut faire pour bénéficier de son aide », a expliqué la même source à l'APS. Cette approche dogmatique, a-t-elle poursuivi, a été contestée par l'Algérie qui a plaidé pour une approche « inclusive » et des « consultations préalables » avant le lancement de la PEV. Selon le diplomate, l'UE s'inspire, aujourd'hui, moins des politiques d'élargissement qu'elle a avec les pays de l'Est, faisant de la PEV « une politique régionale » basée sur la « différenciation » qui était un axe majeur de la réforme de la PEV. « A présent, on tient compte du contexte national de chaque pays, c'est-à-dire de ses contraintes et défis, mais aussi du contexte régional, ce qui constitue un développement positif », a expliqué la même source, soutenant que « globalement, les observations de l'Algérie sur la réforme de la PEV ont été prises en compte ». Autre point positif, relevé par le diplomate dans la nouvelle PEV, a trait à l'appropriation du processus à travers l'identification des priorités de chacun. Des priorités qui devront se décliner en actions concrètes à réaliser après concertation entre les deux parties (Commission européenne et chacun des pays concernés par la PEV) dans le cadre d'un dialogue de haut niveau. « Nous sommes passés d'un cadre rigide de plans d'action bilatéraux à ce qu'on appelle, aujourd'hui, les priorités du partenariat qui seront définies d'un commun accord et portées sur une feuille de route », a-t-il expliqué. Dans le cadre de la nouvelle PEV, l'UE s'efforcera de déployer plus souplement les ressources financières, a-t-il ajouté, se félicitant du maintien de la règle tacite concernant l'attribution des 2/3 du budget de la PEV aux pays du Sud et 1/3 pour les pays de l'Est. l'UE veut composer avec son voisinage Autre élément de satisfaction, le soutien que compte apporter l'UE au développement économique et social inclusif et la création de perspectives d'emploi pour les jeunes . « La nouvelle PEV prend en compte les voisins des voisins dans la mesure où elle fait de la stabilisation sa première priorité politique », a-t-il relevé. Ainsi, l'UE compte mettre l'accent sur l'intensification du travail avec ses partenaires dans le secteur de la sécurité (prévention des conflits, lutte contre le terrorisme et la radicalisation en associant d'autres acteurs régionaux). « Notre défi le plus urgent est la stabilisation de notre voisinage. Les conflits, le terrorisme et la radicalisation nous menacent tous, mais la pauvreté, la corruption et la mauvaise gouvernance sont aussi des sources d'insécurité. C'est pourquoi nous recentrerons nos relations avec nos partenaires, si besoin est, autour de nos intérêts communs véritablement partagés », a déclaré le commissaire Hahn devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen. Le souhait de l'UE de renforcer sa coopération avec ses voisins sur le plan sécuritaire découle de sa volonté d'assurer sa sécurité, selon ce diplomate. L'Union « est consciente que s'il n'y a pas de stabilité dans le voisinage, il n'y aura pas de stabilité en Europe ». Lors du débat qui a suivi la présentation de la nouvelle PEV, les députés européens ont appelé à mettre davantage l'accent sur la migration et la sécurité et à plus de souplesse dans la PEV révisée. Les députés ont souligné la migration et la sécurité, en référence aux attentats terroristes de Paris, comme les principaux défis auxquels l'UE et ses voisins doivent faire face de toute urgence. La députée européenne Marie-Christine Vergiat a estimé, quant à elle, que la migration légale, qui stagne actuellement, voire diminue, est le seul moyen d'empêcher la migration illégale et d'éviter les drames. « En l'absence de voie légale de migration et avec le renforcement du contrôle aux frontières, les migrants prennent plus de risques et ont recours aux passeurs, mettant ainsi leur vie en péril », a-t-elle regretté.