Première conséquence, après la décision de l'Opep, lors de sa dernière réunion à Vienne, tenue vendredi dernier, de ne pas baisser le niveau de la production, les cours du pétrole ont poursuivi leur chute. Même si c'est un marché déprimé qui en est la cause, les analystes pointent du doigt l'immobilisme de l'Opep qui n'a pas réussi à dégager un consensus sur la réduction des quotas. Certains pays membres de l'organisation avaient pourtant ardemment défendu l'idée d'une baisse du niveau de la production pour éponger les excédents de l'offre qui pénalisent un redressement des cours. Ces derniers viennent de perdre déjà, en effet, un dollar sur les marchés, cotant à 39 dollars après avoir un moment oscillé autour de 40. Il est fort à craindre que ne s'enclenche une spirale de la baisse qui serait beaucoup plus importante, les mois à venir, puisque l'on spécule sur un cours à 20 dollars à terme. « Le niveau actuel de la production de l'Opep se situe au-dessus des 30 millions de barils et réduire ce niveau n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur le marché », a argumenté le ministre nigérian du Pétrole. Tout compte fait, on se range finalement aux thèses des pays du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, pour qui une baisse de la production de l'Opep profiterait beaucoup plus aux autres producteurs comme la Russie et le Mexique. L'Arabie saoudite a prétexté aussi pour justifier sa guerre commerciale de contrecarrer la production de schiste aux USA notamment. Elle a, depuis des mois, répliqué par une abondance de l'offre. L'Opep n'a donc pas pu satisfaire, lors de la réunion de ce vendredi, comme en juin dernier d'ailleurs, les revendications de certains pays lourdement impactés au niveau de leurs recettes en devises, par la chute des cours. Les prix ont perdu 60% de leur valeur depuis mai 2014. Pourtant, la plupart des délégués ont exprimé leur inquiétude sur cette baisse et leur « insatisfaction au regard du niveau actuel des prix ». Des délégués, dont le ministre algérien de l'Energie, avaient d'ailleurs mis en garde sur les conséquences de la persistance des prix trop bas, qui ne permettront pas de financer le renouvellement de la production et de l'offre. « Si nous ne faisons rien, sur le moyen terme, il y aura des problèmes d'offre », a relevé Khebri, soulignant que cette situation n'arrangera ni les pays producteurs ni les compagnies pétrolières internationales. Les responsables de l'Opep pensent néanmoins à autre chose que la réduction de la production pour soutenir les prix. Il faut envisager « des négociations entre les pays membres et non-membres de l'Opep », c'est-à-dire revenir à la position de l'Arabie saoudite qui a lancé un appel dans ce sens, il y a plusieurs jours. Mais la réponse est déjà connue. La Russie a annoncé, la veille de la réunion de l'Opep, qu'elle ne pouvait baisser sa production prétextant qu'elle est entre les mains de compagnies privées. Sur un autre plan, le retour de l'Indonésie au sein de l'Opep implique là aussi une hausse du plafond de production, sans oublier les intentions déclarées d'un autre membre de l'organisation, l'Iran. Ce dernier a, en effet, clairement fait part de son intention d'augmenter sa production d'au moins « 500.000 barils par jour immédiatement après la levée des sanctions internationales, qui doit intervenir début 2016, puis de un million de barils par jour, par la suite ».