Les priorités ont bien changé. Le combat contre Daech doit mobiliser toutes les forces pour mener les opérations au sol que l'Amérique d'Obama a catégoriquement exclues. Le scénario a été explicité, fin novembre dernier, par deux sénateurs américains plaidant pour l'envoi de 100.000 soldats étrangers, en majorité de pays sunnites. Il a pris forme avec l'accord de principe des Emirats arabes unis prêts à participer à une force terrestre pour combattre Daech en Syrie, a confirmé le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash. « Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït », a-t-il ajouté. Dans cette réévaluation, imposée par la nouvelle donne sur le front syrien, l'enjeu yéménite profite de cette dynamique de recherche de paix voulue durable par le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, qui a annoncé « le début d'une cessation des hostilités au Yémen » qualifiée de « première étape critique ». La guerre fratricide a cristallisé le sentiment de méfiance clairement exprimé par les précédentes tentatives toutes avortées. Peu avant et même après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, à 12h locales (9h GMT), les bruits se sont fait entendre à Taëz où des mortiers ont visé les positions des forces gouvernementales, a indiqué le général de brigade saoudien, Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition arabe. La logique de tranchées continue de prévaloir. « Nous arrêterons (les combats) quand s'arrêtera l'agression contre nous », a averti, samedi dernier, le porte-parole des houthis, Mohammed Abdulsalam. De son côté, le chef d'état-major des forces progouvernementales, le général Mohammed Ali al-Maqdishi, a assuré, dimanche dernier, que ses troupes « se conformeront aux ordres (du Président) bien que l'expérience nous ait appris qu'on ne peut pas avoir confiance en la milice putschiste ». Mais l'espoir est de retour pour réussir le pari de la « transition pacifique. La trêve de 7 jours renouvelables tend effectivement à consolider le processus de négociations entamé, hier, en Suisse, sous l'égide des Nations unies. Loin des caméras et dans le secret le plus absolu, le dialogue interyéménite est conçu pour favoriser « un cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et ordonnée », a expliqué le médiateur de l'ONU. A la faveur d'un consensus pleinement consacré par la participation du gouvernement en exil aux pourparlers et la volonté des rebelles houthis de souscrire aux dispostions de la résolution 2216 du Conseil de sécurité, un « plan » de mise en œuvre des dispostions est élaboré pour passer à la phase de la concrétisation des engagements des protagonistes. En clair, comme le stipule la résolution 2216, il s'agit d'œuvrer au retrait des rebelles des régions conquises depuis 2014, à la facilitation des accès humanitaires et à la restitution des armes lourdes à l'Etat. « Faire la paix est une nécessité fondamentale pour rebâtir le Yémen, traiter les conséquences de la guerre, normaliser la vie dans les différents gouvernorats et reprendre les activités économiques », a affirmé le médiateur mauritanien appelant les délégations à assurer le respect total de la cessation des hostilités.