Des représentants du gouvernement et des rebelles du Yémen se réunissent mardi sous l'égide de l'ONU en Suisse pour des pourparlers, qui vont être précédés par un cessez-le-feu dès lundi à minuit, pour tenter de mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 5.700 morts, dont près de la moitié des civils. A l'approche des discussions, les combats se sont toutefois intensifiés sur le terrain, faisant lundi deux morts, des hauts gradés de la coalition conduite par l'Arabie saoudite au Yémen, et au moins 44 morts dimanche dont plusieurs civils. Avant le nouveau round des discussions en Suisse, les protagonistes pourraient observer un cessez-le-feu qui, selon le gouvernement internationalement reconnu, serait une durée d'une semaine, éventuellement renouvelable, s'il était respecté par les rebelles. "Le cessez-le-feu prendra effet à minuit, conformément à l'accord convenu avec le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, lors de sa dernière visite début décembre à Aden", capitale "provisoire" du Yémen, a annoncé Mouïn Abdelmalak, membre de la délégation gouvernementale aux négociations. Samedi le porte-parole du mouvement Ansaruallah a affirmé que son mouvement ne s'engagera dans un cessez-le-feu que si les forces progouvernementales et la coalition arabe, qui les soutient, arrêtent leur "agression". Une solution politique s'impose pour mettre un terme à la violence Deux précédentes tentatives onusiennes de réunir les protagonistes avaient échoué ces derniers mois. Mais la poursuite du conflit, sans percée de part et d'autre, comme en témoigne les combats meurtriers à Taëz (sud-ouest) troisième ville du pays, et la montée des actes terroristes avec deux attentats majeurs à Aden en octobre et en décembre semblent avoir convaincu les parties en conflit de reprendre le dialogue, estiment des analystes. Ce dialogue est destiné à favoriser "un cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et ordonnée", a indiqué M. Ould Cheikh Ahmed. Selon une source onusienne, les parties discuteront notamment d'un "plan" de mise en oeuvre progressive de la résolution 2216 du Conseil de sécurité qui exige le retrait des rebelles et de leurs alliés, mais aussi de milices, des zones conquises depuis la fin 2014, ainsi que la restitution des armes lourdes à l'Etat. De leur côté, les pays du Golfe sont désormais convaincus qu'il est temps de donner une plus grande chance à un règlement politique. La nécessité d'une solution politique à été soulignée jeudi à Ryadh par le sommet annuel des monarchies du Golfe. L'avancée des groupes terroristes, l'autre menace pour le pays Des terroristes, en particulier du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (Daech/EI), ont profité du chaos pour avancer et gagner du terrain et ont multiplié les attaques meurtrières. Les protagonistes ont accepté de s'asseoir à la même table, malgré une méfiance mutuelle au sujet notamment de "la résolution 2216", mais selon des experts, il est difficile de voir les Houthis appliquer cette résolution qui signifierait qu'ils reconnaissent leur défaite. Le groupe Daech, ainsi qu'Al-Qaïda, déjà bien implanté dans le sud du Yémen, "sont un ennemi commun qui exerce des pressions sur les protagonistes du conflit yéménite mais aussi sur les pays du Golf", ont indiqué les experts. "La guerre récente ne bénéficie qu'aux groupes comme Al-Qaïda et Daech et nous amène à un danger plus grave qui est celui du développement du terrorisme", avait averti fin octobre le médiateur de l'ONU. Le Yémen est déchiré depuis plusieurs mois par un conflit entre milices rebelles d'Ansaruallah et forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi appuyées par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Selon l'ONU, plus de 5.700 morts, dont près de la moitié des civils, depuis l'intervention fin mars de la coalition arabe.