Hocine Aït-Ahmed s'en est allé au terme d'une vie faite d'engagement et de combat. Son parcours atypique fait de lui un chef perspicace. Celui d'avoir été avec ses compagnons l'un des dirigeants historiques de la révolution. L'un des faiseurs de l'indépendance nationale. Les étapes de son militantisme pour la cause nationale, qui a commencé dès la fleur de l'âge avec détermination et dévouement, montrent avec quels soins il s'acquittait des missions qui lui étaient confiées. Cette stature historique, aujourd'hui toute l'Algérie la lui reconnaît. L'hommage qui lui est rendu est à la hauteur de la place qu'il a occupée dans l'histoire du pays. Les messages de la classe politique, des dirigeants et des citoyens anonymes, le deuil de huit jours décrété par le président Bouteflika, autant de signes à la mesure de la grandeur de cet homme qui a tout donné pour le pays. D'abord en contribuant à sa libération du joug colonial. Ensuite en se battant pour la promotion des valeurs démocratiques. Sa vie politique intense est entièrement dédiée à l'idéal des libertés. Un long périple qu'il a entrepris depuis l'âge de 16 ans, en intégrant les rangs du Parti du peuple algérien. La suite fut un combat inlassable contre l'injustice coloniale. « Prêts pour le sacrifice », c'est ainsi qu'il commence avec ses compagnons les réunions portant sur l'organisation des actions du mouvement national. Un sens du sacrifice qui le catapulte, quelques années plus tard, au rang de membre fondateur de la révolution algérienne. Celle-ci l'a révélé aussi comme le précurseur de la diplomatie de l'Algérie combattante en conduisant la délégation du FLN à la réunion des Non-Alignés à Bandung en 1955. Aït-Ahmed, homme politique, président du premier parti d'opposition, a forcé aussi le respect dans sa manière de poser les problèmes. Ses critiques sont systématiquement accompagnées de propositions. Son deuxième combat après l'indépendance du pays est résolument voué à la démocratie et aux libertés. Il caressait le rêve de voir l'Algérie vivre à la hauteur des sacrifices des martyrs. Da l'Ho y a cru jusqu'à ce que ses forces le trahissent. Les valeurs qui l'ont animé, le sens du sacrifice et l'esprit d'indépendance qui ont jalonné sa vie constituent aujourd'hui une source d'inspiration pour les nouvelles générations. Un legs inusable. En cela, l'homme qui vient de tirer sa révérence ne peut pas mourir. Le symbole survivra. Lors du dernier congrès du FFS, en 2013, dans un message qui a valeur de testament, il disait qu'il avait la même ferveur dans ses convictions qu'au début de ses 70 ans de militantisme. Des convictions sur lesquelles il n'a jamais cédé. Celles de la démocratie, des droits et des libertés pour ses compatriotes et son pays. C'était la deuxième cause de sa vie.