L'Islam a toujours constitué un ferment de résistance pour le peuple algérien, confronté, notamment tout au long de « la nuit coloniale », pour reprendre le mot de Ferhat Abbas, à une œuvre méthodique et pernicieuse de dépersonnalisation. Ce n'est nullement fortuit si l'un des premiers actes de la France coloniale fut la transformation de la mosquée Ketchaoua, au cœur d'Alger, en église. De l'émir Abdelkader à cheïkh Aheddad, en passant par Fatma n'Soumeur, l'Islam fut un rempart inexpugnable contre lequel les tentatives d'aliénation se sont brisées. Dans l'Algérie indépendante, l'Islam a constitué une source fondamentale de la législation et pour la promotion de ses valeurs et de ses enseignements, l'Etat a bâti de nombreux édifices religieux, à l'image de l'Université Emir-Abdelkader de Constantine où le savoir scientifique fait bon ménage avec l'étude de la religion. Dans ses référents doctrinaux, sa gestion du sacré, il a toujours associé l'Islam à la promotion sociale et économique. L'Etat a, sans cesse, prôné une religion qui irrigue le corps social par ses valeurs humaines puisées d'un fonds de traditions qui s'accordent avec le message coranique. L'Algérie n'a pas été, pour de multiples raisons, à l'abri des vents mauvais qui ont soufflé sur le monde musulman depuis plus d'un quart de siècle. Dans son message d'hier à Constantine, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a déploré, à juste titre, que « le terrorisme a terni l'image de l'Islam, jeté les musulmans dans l'égarement et permis aux non-musulmans d'attenter au Coran et de discréditer le Prophète ». Depuis quelques années, en réhabilitant les zaouïas qui demeurent les gardiennes de l'authenticité, le sanctuaire de la modération, et en valorisant les célébrations liées au calendrier lunaire, l'Algérie s'est prémunie davantage contre les courants extrémistes. Elle s'est protégée de l'extrémisme qui sème partout mort et désolation. Ses enfants ont payé chèrement le retour à une stabilité ébranlée des années durant par les tenants d'un Islam dévoyé et perverti. Ils sont désormais sourds aux appels qui dissocient la religion ancestrale des valeurs de tolérance et de piété. Ils ne sauraient s'accommoder de l'extrémisme qui se combat par la réhabilitation de la religion musulmane qui fut, de tout temps, un facteur de cohésion et d'union.