Ils ne sont pas nombreux à le faire, mais quelques chauffeurs de taxis clandestins, continuent d'assurer la liaison avec la Tunisie malgré les risques encourus. A la gare routière Ouest de Constantine, il y a moins de monde et moins de voitures que d'habitude à l'emplacement des taxis en partance pour la Tunisie. Nous avons rencontré l'un d'eux. Hassen à deux pas de son véhicule attend péniblement qu'une course se présente, mais apparemment les clients se font très rares. «Je suis rentré hier de Tunis, c'était l'enfer, partout des scènes de pillage et de violence. A la demande d'un directeur d'une agence de voyage, j'ai ramené une famille qui séjournait dans la capitale tunisienne, et afin d'éviter de se faire agresser, j'ai dû contacter ces personnes pour fixer un rendez-vous dans un lieu en retrait. Les gens s'attaquent à tous les commerces, et même aux voitures, et pour se protéger j'ai dû contourner les artères et les quartiers à haut risque. Il fallait aussi compter avec le couvre-feu.». Très bien renseigné sur la situation, puisqu'il était présent tout au long des événements de ces deux derniers jours à Tunis, Hassen ajoute que les Algériens, les touristes notamment, ne courent aucun risque, étant donné que les hôtels sont épargnés par les émeutiers. «C'est surtout Tunis et sa périphérie qui ont subi le plus de dégâts. Heureusement que la majorité des Algériens séjournent dans les villes touristiques telles que Hammamet et Sousse, là il y a moins des risques puisque nous passons directement par l'autoroute et nous contournons donc Tunis. Toutefois, les gens qui ne connaissent pas très bien les routes tunisiennes, peuvent croiser des bandes de voyous surtout dans les petits villages non loin de la frontière, alors que nous les chauffeurs de taxi avons coutume d'emprunter des axes routiers plus sûrs dans de pareilles circonstances». Hassen nous a également confirmé que des congénères à lui de Constantine et de Annaba ont rallié tôt ce matin la Tunisie, avec comme mission de ramener des familles algériennes souhaitant rentrer.