La Cour suprême du Venezuela a annoncé, lundi dernier, que toutes les décisions du Parlement contrôlé par l'opposition seraient invalidées, plongeant le pays dans une crise politique et institutionnelle. La haute instance judiciaire considèrera comme « nuls » les actes de l'Assemblée nationale tant que trois députés de l'opposition dont les mandats ont été invalidés demeureront investis. Deux jours après son arrivée aux manettes de la nouvelle Assemblée le 5 janvier, l'opposition vénézuélienne avait défié le pouvoir chaviste en investissant les trois députés antichavistes suspendus par la justice, revendiquant ainsi la majorité des deux tiers qui lui confère de larges pouvoirs. L'opposition, de son côté, poursuit son bras de fer avec le pouvoir chaviste en présentant un projet de loi d'amnistie pour les prisonniers politiques, auquel le gouvernement a promis de s'opposer. L'opposition se donne même « six mois » pour faire partir par la voie constitutionnelle le président Maduro, auquel l'armée a réitéré son « soutien inconditionnel » la semaine dernière. Amnistie controversée Lundi également, l'opposition a présenté une proposition de loi d'amnistie pour plusieurs dizaines de prisonniers politiques, accentuant la confrontation avec le gouvernement chaviste. « Nous avons livré une proposition élaborée, une loi, un décret. En route pour l'amnistie de tous les prisonniers politiques. Aucun innocent ne sera oublié », a déclaré Lilian Tintori, épouse du leader de l'aile radicale de l'opposition Leopoldo Lopez, actuellement emprisonné. Baptisée « Loi d'amnistie et de réconciliation », la proposition vise à amnistier les 76 prisonniers politiques que l'opposition a recensés et près de 4.700 « persécutés politiques » (poursuivis par la justice) ou exilés en raison de leur opposition au chavisme. L'opposition, largement majoritaire au Parlement unicaméral du Venezuela pour la première fois en plus de 16 ans, n'a pas précisé combien de temps prendrait l'adoption du texte. Peu après la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre 2015, le président Maduro avait prévenu qu'il s'opposerait à l'adoption d'une telle loi. Pénuries au quotidien et inflation galopante suscitent un mécontentement populaire qui a profité à l'opposition. Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves pétrolières du monde, a vu son économie s'effondrer ces derniers mois au même rythme que les cours du brut.