«Si les situations en Algérie et en Tunisie présentent des similitudes, elles ne sont pas identiques et ceux qui croient que c'est facile de déterminer d'avance le déclenchement des révolutions et d'en importer le modèle se trompent». C'est l'analyse de Mme Louiza Hanoune qui a longuement évoqué, hier, lors d'une rencontre avec la presse l'évolution de ce qu'elle qualifie «de révolte sociale contre l'oppression et les inégalités générées par un régime totalement inféodé aux intérêts financiers de l'Occident». Ce dernier, dira-t-elle, «a lâché son serviteur avec cynisme et hypocrisie». Elle imputera tout ce qui se passe en Afrique et dans le monde arabe aux velléités d'accaparement des richesses par les instances capitalistes comme l'UE et le FMI. En Côte d'Ivoire sans appuyer Gbagbo, elle dira «qu' Allassane Ouattara est soutenu en sa qualité de vice-président du FMI». Elle ne manquera pas de comparer ce qui s'est passé dans ce pays frère avec l'effondrement, en 1974, de la dictature portugaise incarnée par de Salazar en 1975 lors de la révolution des œillets. «Elle avait ouvert la voie à une constituante comme nous ne cessons de le réclamer depuis des années». Elle a mis en garde contre les risques d'avortement de cette magnifique révolution. Sans s'ériger en donneur de leçons, elle affirmera que «la présence de syndicalistes dans le gouvernent d'union nationale est un signe de cette volonté de détourner ce mouvement populaire dont les véritables buts sont une rupture radicale avec le système Ben Ali et la satisfaction des besoins politiques et sociaux». «Les Tunisiens, selon la SG du PT, ne se sont pas révoltés pour voir s'instaurer une démocratie formelle». Evoquant le contexte algérien, elle estimera que «nous venons de sortir du terrorisme et les orientations des lois de finances depuis 2009 dérangent des cercles étrangers». Imputant la responsabilité des dernières émeutes «partielles», selon elle, aux barons de l'import, elle appellera les autorités à faire preuve de clémence et de sagesse dans le jugement des jeunes arrêtés. «Les vrais coupables selon elle sont les barons apparus dans le sillage des réformes inspirées des accords avec le FMI et l'UE». «On voit les résultats en Tunisie et notre pays doit s'en émanciper le plus rapidement possible», ajoutera-t-elle. Sans citer le RCD et ceux qui multiplient ces derniers jours les actions de protestation, elle dira que «nous n'adhérons pas aux mots d'ordre de ceux qui ont des comptes à régler avec le président de la République ou le Premier ministre». Le PT, selon elle, est «un parti qui défend la souveraineté nationale». Mme Hanoune a, par contre, dénoncé les mesures du gouvernement au profit des importateurs. Elle qualifiera les 53 000 milliards de dinars d'exonération de «prime à la spéculation». Elle proposera le retour de l'Etat dans la sphère de production et de distribution des produits alimentaires à travers la réouverture des magasins d'Etat comme les Souk El Fellah et des entreprises comme l'ENCG et l'Enasucre. «C'est ainsi que l'Etat ne sera pas à la merci de ces ogres», clamera-t-elle. Elle plaidera aussi pour l'octroi d'une prime aux jeunes chômeurs, la levée des mesures d'exception dans le domaine politique. «La dynamique économique impulsée par les pouvoirs publics ne devrait pas être contrariée par un déficit en matière de communication», a-t-elle conclu.