La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louiza Hanoune, ne «digère» pas le score qui lui a été attribué à l'issue du scrutin présidentiel. Elle le fait savoir en propos acerbes qui, étrangement, épargnent le bénéficiaire de la «fraude généralisée» dont elle s'estime avoir été la victime. C'est là un grand paradoxe du commentaire critique qu'elle formule sur cette élection présidentielle. Comment en effet la candidate malheureuse peut-elle soutenir que le scrutin a été manipulé dans les grandes largeurs et exonérer de cette responsabilité le Président candidat qui avait tout de même celle de garantir sa transparence et son honnêteté ? C'est tout juste finalement si Louiza Hanoune ne soutient pas que Bouteflika est celui qui aurait perdu le plus par le tripatouillage des urnes qu'elle dénonce. Comprend qui pourra la lecture que la secrétaire générale du PT fait sur l'évènement. Au-delà, Louiza Hanoune n'a pas à rougir de sa prestation électorale. Elle n'a nullement démérité, car elle a fait la démonstration que son parti, son programme et son équation personnelle s'inscrivent désormais en tant que réalité avec laquelle il faudra compter sur la scène politique. Il lui sera, bien sûr, longtemps encore fait le reproche d'avoir, par sa participation au scrutin, contribué à crédibiliser une élection présidentielle au résultat connu d'avance. Ceux qui la brocarderont le plus férocement pour ce fait sont ceux qui ont oublié que, par calcul, ils ont été eux aussi à un moment dans le rôle pour lequel ils lui font grief. Ce serait faire injure à l'intelligence politique de la porte-parole du PT de penser qu'elle s'est crue en situation de battre le Président candidat, et ce serait insulter sa probité en y ajoutant le soupçon qu'elle aurait conclu un deal avec le pouvoir en échange de sa participation au scrutin. En décidant de s'engager dans la compétition présidentielle, elle n'a eu d'objectif que celui de conforter la lente mais irrécusable montée en popularité de sa formation politique. Une popularité qui se construit autour d'un programme qui est la seule alternative visible à celui de Bouteflika et du pouvoir, pour beaucoup de citoyens. Quoi que trouvent à redire leurs détracteurs, Louiza Hanoune et le Parti des travailleurs sont sur une forme d'opposition au pouvoir en place qui rencontre l'adhésion d'une frange populaire de plus en plus large. Une opposition qui ne fait pas dans «le tout sauf...», qui ne s'enferme pas dans des bastions régionaux et qui ne considère pas le patriotisme nationaliste comme une vision ringarde. «L'échec» subi par Louiza Hanoune à cette élection présidentielle n'est pas sa fin politique. Au contraire, la porte-parole du PT y a récolté une dimension qui en fera une actrice incontournable pour d'autres échéances. Si l'on peut parler de «vainqueur moral» dans une élection, Mme Louiza Hanoune l'a été incontestablement pour celle du 9 avril.