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« Il faut rendre justice à l'école algérienne »
Nouria Benghebrit ministre de l'Education nationale
Publié dans Horizons le 16 - 01 - 2016

Madame la ministre, dès votre arrivée au secteur, vous avez engagé un chantier qui repose sur trois leviers que sont la refonte pédagogique, la professionnalisation et la bonne gouvernance. Peut-on savoir quel type d'école vous voulez développer ? Quelles sont les valeurs qu'elle doit véhiculer ?
Je suis entièrement dans l'état d'esprit de la réforme telle qu'elle a été initiée et préconisée par la commission de réforme de l'école, instituée par le président de la République, et adoptée en 2003. Cette commission a produit une vision d'ensemble du système d'éducation et de formation.
Cette école, dont je me sens redevable, a été concrétisée avec la loi d'orientation sur l'éducation élaborée en 2008. Un certain nombre de textes ont été mis en œuvre. Notre point de départ, ce sont les acquis de l'école. J'arrive en 2014, mais l'Algérie a fonctionné depuis 1962. Mais il y a aujourd'hui des nouveaux défis qui ont été pris en charge par la réforme. Le premier, c'est le parachèvement du processus de démocratisation de l'enseignement. Même si nous sommes à plus de 98% en termes de taux de scolarisation, il faut impérativement qu'on aille chercher les 2% restants. Il faut aussi que tous les enfants terminent le cycle obligatoire. Or, on constate qu'il y a de la déperdition. Même si la scolarité obligatoire est de 9 ans, il y a des enfants qui abandonnent le système scolaire. Nous allons en parler avec l'Unicef qui a mené une enquête sur cette question.
Quand on dit qu'il faut parachever la démocratisation de l'enseignement, il s'agit pour nous de prendre en ligne de compte l'enseignement préscolaire. La loi d'orientation dit qu'il faut le développer de manière à ce qu'il puisse prendre ses marques. Le ministère a pris les mesures nécessaires pour sa généralisation. Nous avons même fixé une date butoir, 2017. Nous sommes en train de consentir des efforts gigantesques pour être au rendez-vous. Le préscolaire prépare la rentrée à l'école et permettra à tous les enfants de bénéficier des mêmes chances de réussite aussi bien dans les établissements scolaires publics que privés. C'est ce type d'enseignement qui nous permettra de mettre à niveau tous les enfants qui viennent des milieux culturels différents.
Il faut absolument que les principes qui sont contenus dans la loi d'orientation soient appliqués. Il faut qu'on puisse renforcer la maîtrise des compétences dans les langages fondamentaux. J'arrive à un moment où on est en train de faire des évaluations. Il y a eu une évaluation lancée en 2014 portant sur le cycle obligatoire. La seconde, lancée l'année précédente, porte sur l'évaluation du cycle secondaire général et technique. Et la dernière est centrée sur le redéploiement du système éducatif à partir d'indicateurs de qualité portés par la gouvernance, la professionnalisation des personnes par la formation. Et puis, il y a eu la grande conférence qui a fait le point sur la réforme. Cette rencontre avait pour objectif de prendre en charge les dysfonctionnements diagnostiqués et leurs mises en adéquation. Elle nous a donné les grandes lignes de ce qu'il faut prendre en charge. Nous sommes en train de donner un contenu concret à tous ces changements.
Vous affirmez souvent que l'école n'est pas sinistrée mais « vit un malaise ». Maintenez-vous toujours cette position ?
Si je ne suis pas allée jusqu'à dire que l'école est sinistrée mais qu'elle vit un malaise profond, c'est parce que je pense qu'il y a une énergie peut-être en hibernation, peut-être confinée pour certains dans des classes. Je peux vous assurer qu'il y a des éléments, notamment dans les ressources humaines, qui sont fortement engagés et qui donnent de leur temps. C'est pourquoi, je ne me suis pas autorisée à parler en termes de sinistrose mais de malaise. Les différentes évaluations que nous avons faites nous ont permis d'identifier les sources de ce malaise. Elles se situent d'abord au niveau des compétences qui sont insuffisamment acquises malgré plusieurs années passées dans l'école. On a constaté également qu'il y a une insuffisance et un mal-être par rapport à soi.
C'est pour cela que parmi les solutions qui ont été dégagées figurent la nécessité et l'urgence de chercher comment, à travers les programmes, mettre l'accent sur les valeurs, et dans ces valeurs mettre l'accent sur le patrimoine historique de notre société. Quelqu'un qui est fier de lui-même, de son histoire et de ce qu'il est aujourd'hui, est un gage d'ouverture sur l'avenir et une garantie d'avoir quelqu'un d'ouvert à l'autre.
Comment comptez-vous dépasser ce malaise ?
Ce malaise, on le dépasse premièrement en réaménageant les programmes qu'on appelle de deuxième génération. Et dans les programmes, il faut surtout chercher comment accorder une place importante à la production écrite et orale nationale.
On a une chance fabuleuse d'avoir une production nationale dans les trois langues, arabe, tamazight et française. La consigne et le travail qui est en train d'être mené consistent à donner, au niveau des programmes et manuels scolaires, une grande place aux auteurs algériens qui produisent en ces trois langues. Il s'agit là du premier élément. Le second, c'est celui de la formation et la nécessité d'y mettre l'accent. Le constat nous a démontré qu'il y a des programmes mais très peu de formations. Pour y remédier, on a ciblé les inspecteurs qui vont s'occuper des enseignants.
On a donné la priorité à l'école primaire. Mais cela reste insuffisant. Raison pour laquelle on a décidé d'organiser des sessions de formations au profit des chefs d'établissement et des directeurs d'éducation. Nous sommes en train d'organiser des rencontres particulières. La première a été tenue au mois d'août 2015 avec l'organisation d'une série de rencontres avec 21 wilayas. Durant quatre jours, nous avons fait travailler les directeurs d'éducation avec les inspecteurs et les enseignants pour dégager les projets qu'ils veulent mettre en place en termes de service public au niveau de leurs wilayas respectives. Chaque wilaya est sortie avec un projet majeur qui se décline sur plusieurs propositions. Il y a ceux qui mettent l'accent sur les langages fondamentaux, ceux qui insistent sur le préscolaire soutenant que c'est là où le bât blesse. Pour d'autres, il s'agit de développer les activités parascolaires pour les mettre au service du scolaire. Nous sommes en train de suivre ces projets et de veiller à leur application. C'est de cette façon qu'on compte sortir de ce malaise.
Sauf qu'à l'université, le niveau des nouveaux bacheliers est décrié par les professeurs ?
Je pose une question : il a été décrié pour quelle raison ? Pendant sept ans, le contenu du programme, particulièrement des classes terminales, n'a jamais été achevé. Dans certaines filières, il y a des pans entiers de chapitres qui ont sauté. Nous avions évalué et élaboré une stratégie sur laquelle nous nous sommes appuyés pour identifier les priorités. Le cycle primaire était, pour nous, la priorité des priorités. On est conscient que si on veut avoir un bon niveau à l'université, il faut s'intéresser nos seulement au cycle secondaire mais aussi au primaire.
Un élève qui accumule des déficits passe son temps à faire du bachotage pour pouvoir réussir. Le parcœurisme va essayer de compenser tous les déficits sur toutes les dimensions analytique, descriptive et de production. Une fois à l'université, il sera confronté à des approches qui sont complètement différentes.
Quelle est la valeur du bac algérien aujourd'hui ?
Nos bacheliers arrivent à s'en sortir grâce à eux-mêmes, mais aussi grâce aux efforts menés par la famille qui les accompagne durant toute leur scolarité. Nous ne sommes pas satisfaits car la réussite au baccalauréat tourne toujours autour de 50%.
Si on vous demande d'attribuer une note à cet examen...
C'est compliqué. Parce qu'il se trouve que ce n'est pas toujours ceux qui ont des diplômes ou sont majors de promotion qui sont les meilleurs. Même pour la note, on se doit de chercher à trouver sa véritable signification. On a vu des personnes avec 10 de moyenne être brillantes par rapport à celles qui ont des 16 et des 18. Toute la question est liée au système d'évaluation adopté et les indicateurs qui ont été pris en ligne de compte. Est-ce que c'est votre aspect de nouveauté, votre capacité à me construire un texte cohérent ou votre capacité à restituer ce que vous avez déjà appris ? On a constaté, malheureusement, que même ceux qui sont dans les disciplines scientifiques réussissent grâce aux matières annexes et non pas aux disciplines structurantes. Or, les réflexions qui sont en train d'être menées visent à repositionner les disciplines structurantes en leur donnant toute leur importance. Pour le faire, il faut une ligne force qui est la formation de tout le monde, inspecteurs, enseignants, chefs d'établissement et directeurs d'éducation. On a ouvert la formation pour tous, parce qu'il me semble que nous avons accordé trop d'importance aux conditions matérielles alors que le secret de la réussite est dans celui qui encadre, à savoir l'enseignant. Celui-ci peut donner envie à l'élève d'apprendre même s'il a faim. Cette capacité dans la pratique de la classe et dans la gestion pédagogique de la classe est essentielle. Il y a des enfants qui détestent certaines matières à cause de l'enseignant.
Faut-il donc agir sur le système d'évaluation ?
Nous sommes en train de le faire. Mais pour agir sur le système d'évaluation, il faut tout le temps l'accompagner par la formation. Le constat qu'on a pu faire, c'est que l'évaluation s'est transformée en système de notation. Evaluer, c'est noter, alors que c'est faux. Voilà pourquoi il faut passer d'une évaluation globale (notes et observations) à celle de la définition exacte des lacunes dans chaque matière en vue de faciliter leur traitement et leur assurer un soutien scolaire.
Ce qui est important sur le plan de l'acte pédagogique, c'est comment valoriser les progrès à travers la définition exacte des lacunes relevées chez l'élève dans chaque matière en vue d'y remédier. On ne doit passer son temps à donner des notes sans qu'elles soient accompagnées d'une observation sur par exemple les progrès accomplis par l'élève au niveau de l'orthographe ou de ses lacunes dans la conjugaison.
Pour arriver à un vrai système de remédiation, nous avons mis en place des équipes de travail qui donneront leurs résultats le mois prochain. Il s'agit d'analyser les résultats de tous les examens nationaux par discipline. On prend les copies des élèves et on cherche sur quoi font-ils des erreurs, on cherche où se situe la récurrence et à quel niveau ils font des fautes.
Le système de remédiation sera construit sur l'analyse des fautes et des erreurs commises par les élèves. A partir de là, on organise la formation des enseignants au système de remédiation. Il faut que je puisse distinguer entre l'erreur, souvent d'inattention, que fait l'élève et les erreurs qui sont liées à la façon où le programme a été dispensé.
Ce qui nous intéresse encore, c'est de définir les matières à échec. Je peux vous dire qu'elles sont identifiées. Il s'agit des mathématiques, de l'arabe et des langues étrangères. A partir de là, nous avons mis en place des équipes mixtes composées de cadres du ministère de l'Education, d'universitaires, d'inspecteurs, d'enseignants de matière et de spécialistes dans des disciplines afin de mener des recherches sur cette question.
Surcharge des classes, lourdeur des programmes, manque d'enseignants... des problèmes qui ressurgissent chaque année. Qu'avez-vous prévu à ce sujet ?
Des efforts énormes sont consentis par les parties concernées pour résoudre le problème de surcharge des classes. Mais je peux vous affirmer que cette surcharge touche une minorité d'établissements et ne concerne qu'un nombre limité de divisions pédagogiques, identifiées dans certaines poches seulement. Malgré ça, nous avons pris une batterie de mesures. Pour le primaire, il s'agit de la double vacation partielle (une division par exemple) ou totale (toutes les divisions) qui sont des réajustements horaires des enseignements. Pour le moyen et le secondaire, le secteur a recours aux classes mobiles (les élèves changent de classes). Il y a également, parfois, l'usage de locaux non affectés au cycle concerné, l'utilisation d'annexes ou de salles en extension. Notre objectif, c'est de faire en sorte que l'élève dans sa classe, particulièrement dans le primaire, puisse avoir une armoire, un casier. Cela fait partie d'un confort pédagogique qui peut l'aider à être à l'aise. C'est notre ambition et notre rêve. Pour ce qui est de la surcharge des programmes, le problème est directement lié à l'organisation. Les parents voyaient que les programmes ne s'adaptaient pas au rythme scolaire et au calendrier. Quand des grèves durent entre trois et quatre semaines, il est quasi impossible de rattraper le retard, à moins qu'on fasse dans le bourrage. Ce n'est pas ce que nous cherchons. Car un enseignement s'approprie. Il y a un temps de maturation. Il y a des limites au niveau des capacités de l'élève à être attentif.
L'enseignant a tendance, en s'appuyant sur le manuel scolaire, à faire l'ensemble des exercices, ce qui est erroné. Certes, vous avez une ligne directrice mais je peux rester plus longtemps sur ce cours parce qu'il n'a pas été bien assimilé et je vais plus vite sur un autre. Le maître dans la classe reste l'enseignant, et un enseignant formé sait, même en ayant un manuel scolaire, que sur ce cours les élèves ont les informations nécessaires, donc il ira plus vite que sur d'autres. L'enseignant doit être formé à identifier ce que maîtrise l'élève et ce qu'il ne maîtrise pas pour pouvoir organiser par la suite une remédiation.
Quant à la problématique de la lourdeur des programmes, pour nous, elle ne se présente pas. Nos enfants ne sont pas moins handicapés que les autres. Le programme s'appuie, si on prend les mathématiques, sur des références internationales. L'Unesco a identifié des invariants et pour aller vers ces invariants, il y a une progression et une évolution qui sont pensées et réfléchies à travers la question du curriculum. Nous ne faisons pas plus que les autres. Pour ce qui est du manque d'enseignants, c'est exceptionnel pour deux raisons. La première, certaines directions de l'éducation, qui souffrent du manque d'enseignants statutaires, ont les moyens d'avoir des contractuels. Il se trouve que les nouveaux enseignants fraîchement recrutés ne rejoignent pas leurs postes de travail, particulièrement pour les écoles extrêmement éloignées. La réglementation accorde un délai de quinze jours pour rejoindre ces postes avant de se voir remplacer par une autre recrue. Je précise que ce délai était d'un mois, mais nous avons réussi à le réduire à quinze jours. J'ai dit aux directeurs d'éducation que c'est inadmissible de rester sans solution de rechange. Nous ne pouvons pas trouver toutes les formules. Ce n'est pas un problème d'indisponibilité d'enseignants, car l'université en regorge, mais ils ne veulent pas aller dans des lieux éloignés. Les Algériens sont habitués à des situations de confort. Nous avons des postes à offrir, mais il faudrait d'abord trouver des solutions. C'est intolérable que l'élève reste sans enseignants.
Vous avez installé un groupe de travail pour dégager des solutions pratiques au phénomène des cours particuliers. Concrètement, comment allez-vous procéder pour lutter contre cette pratique ?
Effectivement, nous avons mis en place un groupe de travail qui est composé des syndicats. Notre réflexion est la suivante : nous disons que si nous améliorons véritablement le niveau de formation des enseignants, les parents seront plus satisfaits puisqu'ils verraient le résultat sur leurs enfants et seraient moins stressés et moins inquiets, et par voie de conséquence, ils vont diminuer les cours. Notre inquiétude aujourd'hui, c'est de voir que des familles sont en train de donner des cours privés à leurs enfants qui sont au primaire. C'est catastrophique.
Nous sommes en train d'ins ister sur la problématique de la formation. Il est vrai que depuis un certain nombre d'années, nous recrutons des universitaires sans qu'ils passent par un circuit de formation. Aujourd'hui, les écoles normales supérieures produisent mais elles ne répondent pas à nos besoins qui sont nettement supérieurs. Alors nous avons recruté des licenciés qui bénéficieront de formation durant les vacances ainsi que les mardis et les samedis. Mais nous sommes conscients que c'est toujours insuffisant. A travers le nouveau dispositif que nous avons mis sur pied, à savoir le collège inspectoral, nous insistons sur le rôle de l'inspecteur dans l'accompagnement de l'enseignant et de sa pratique pédagogique. La mission de l'inspecteur n'est pas seulement de noter l'enseignant ou de le promouvoir. Nous avons besoin de retourner aux journées pédagogiques des enseignants dans lesquelles d'autres enseignants donnaient des cours modèles. Cette manière de faire aide à parfaire les niveaux.
Ce qui explique aussi l'augmentation de ces pratiques, c'est qu'aujourd'hui les parents veulent le meilleur pour leurs enfants. Par le passé, un passage au palier supérieur les contentait. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Les parents sont devenus exigeants. Il y a une évolution sociétale. Les parents savent que si leur enfant n'a pas un 16 au bac, il ne pourra pas faire ce dont il a envie.
Reste que l'objectif de ces cours est commercial...
C'est devenu un marché. Et dans un marché, il y a l'offre et la demande. Si l'offre a augmenté, c'est parce que la demande est en hausse.
Marché ne veut pas dire anarchie. Pourquoi ne pas l'organiser ?
La seule régulation que nous pouvons faire en tant que ministère de l'Education nationale, c'est d'améliorer la formation des enseignants et de là, la prestation pédagogique au niveau de l'école. Mais ce qui est scandaleux, c'est que ces cours concernent aussi les élèves du primaire. J'estime qu'un enfant a la droit de vivre, de jouer, de s'amuser, et pas uniquement de réciter. Former sa personnalité, former le citoyen de demain, c'est lui assurer un équilibre psychologique et physique. Or, si je commence à partir du primaire à ne le mettre que dans des classes, il aura horreur des études. Il faut laisser les gosses profiter de leur enfance. C'est bien d'exiger de nous, en tant que système scolaire, le meilleur. Aujourd'hui, l'enfant n'aime pas les études, il n'aime pas son enseignant, et ce dernier n'est pas en mesure de lui donner envie d'étudier. Nous développons avec les inspecteurs et avec les directeurs centraux l'idée que le parascolaire peut mieux aider le scolaire. Je peux inculquer à l'enfant l'amour de la lecture quand je lui fais lire un bon compte.
Quelles sont les mesures prévues pour assurer la sécurité des écoliers ?
Les traumatismes de l'enfant par rapport à l'école sont ceux de l'enfance. C'est pour cela que dans la formation, nous avons mis l'accent sur les gestes de l'enseignant en classe. Recourir au châtiment corporel en classe est strictement interdit, mais pourtant pratiqué par certains. Il faudrait que les parents se manifestent, il y a une réglementation qu'il faut absolument appliquée et notre objectif est de sauver l'enfant qui est le citoyen de demain.
Nous avons mis en place un groupe de travail. Nous avons commencé par la violence aux environs de l'école. Il y a aussi celle qui se manifeste à l'intérieur de l'école. Nous sommes conscients que dans certains collèges, dans certains établissements scolaires, il y a de la drogue qui circule. Nous avons mis un programme en marche pour cela. Mais nous sommes en train de voir également, dans le cadre de la commission qui a été installée dans ce sens, comment à travers des programmes, développer, éduquer l'élève à prendre la parole à résoudre les différends et conflits sans l'usage de la violence.
Vous avez insisté sur l'importance de réorganiser les examens de fin d'année, notamment la 5e et le baccalauréat. Comment comptez-vous procéder ? Y a-t-il du nouveau pour cette année ?
Pour l'examen de la 5e, il y a un seul changement majeur. Les élèves ne se déplaceront plus, mais ce sont plutôt les enseignants de la circonscription concernée qui feront le déplacement. Notre objectif est de diminuer le stress des élèves et celui des parents. Il est important de réorganiser l'examen de la 5e pour passer du contrôle à l'évaluation continue. Nous avons vu que l'écrasante majorité passe à la première année moyenne. Il fallait que cet examen reste, parce qu'il nous permet de faire des évaluations par disciplines par rapport à ce qui se passe dans les différentes écoles primaires.
Concernant le baccalauréat, il y a un seul changement pour 2016. L'examen de l'éducation physique et sportive, au lieu de se faire à la fin de l'année, obéit à une évaluation continue. Pour les candidats libres, nous continuons l'organisation de l'examen mais nous le ferons plus tôt. Les propositions qui sont en cours de discussion, notamment avec les partenaires sociaux, vont être synthétisées et soumises au gouvernement pour être appliquées en 2017.
Vous avez qualifié d'historique la signature de la déclaration d'intention de la charte d'éthique et de stabilité du système éducatif. Peut-on dire que la ministre a réussi son pari d'instaurer la stabilité dans le secteur ?
C'est l'effort conjoint des deux parties. Nous avons entendu les syndicats, eux-mêmes, évoquer le terme d'historique. La charte n'est pas égale à la stabilité. Elle en crée les conditions. Chaque partenaire de la communauté éducative a ses droits et ses devoirs. Nous travaillons sur le sens de la responsabilité et la conscience des gens. Quand nous parlons en termes d'éthique, nous parlons aussi de conscience. Quand aujourd'hui, nous insistons sur la dimension de la moralisation, c'est parce que le niveau d'une société se mesure à sa morale. Quand nous aurons développé cette dimension qui relève des valeurs de citoyenneté, d'humanité, de partage et de respect, nous aurons fait un pas gigantesque dans la société.
Y aura-t-il du nouveau pour les régions du Sud, particulièrement en matière d'organisation de l'année scolaire ?
Nous avons répondu favorablement à toutes les doléances des régions du Sud. Mais personne n'est allé faire ce geste d'aller vers les changements. Je le dis haut et fort, nous ne voyons aucun inconvénient à ce qu'il y ait une adaptation au niveau du rythme scolaire mais le programme qui est commun et le volume horaire doivent être respectés. Il n'y a aucun souci à ce que les enfants du Sud commencent les cours à 6h du matin. Il faut le faire avec la société locale en prenant en ligne de compte les données de la recherche en matière de rythme scolaire.
Quelles est votre vision concernant l'école privée ?
Le taux des élèves scolarisés dans les écoles privées représente moins de 1%. Il faudrait que ces écoles puissent se développer davantage et s'améliorer en matière des conditions pédagogiques. Aujourd'hui, il y a un besoin d'aller vers un véritable investissement parce que peu d'élèves fréquentent ce type d'établissements. Pourtant, il y a de la place pour les écoles privées.


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