Il est dans l'urgence particulièrement ressentie de consolider les bases du processus onusien en faveur du dialogue inclusif des Libyens appelés de ce fait de taire leurs divergences, de dépasser les visions égocentriques et de dégager une solution libyenne à la crise libyenne. La démarche, initiée par l'ONU et soutenue par les pays voisins, profite d'un large consensus international tendu vers un double objectif : réussir une transition démocratique qui passe par l'émergence des institutions légitimes aux antipodes du bicéphalisme des antagonismes politiques et, in fine, constituer le rempart incontournable à la progression de Daech présent en force à Syrte et dans le Sud livré aux activités criminelles d'El Qaïda. Face à l'Internationale terroriste, déployant ses tentacules au Sahel et dans l'Afrique subsaharienne, la quête de l'intérêt national libyen doit nécessairement primer sur des considérations partisanes de nature à compromettre la survie même de la Libye historique unitaire. Il est certes admis que la percée onusienne a doté la Libye d'un gouvernement d'union nationale acceptée par toutes les parties et confiée au nouveau Premier ministre, Fayez El-Sarraj, chargé de proposer une nouvelle équipe d'ici la fin de la semaine prochaine. Lors de la réunion ministérielle du groupe de contact international, tenue jeudi dernier à Addis Abeba, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, s'est ainsi félicité des « progrès réalisés sur le chemin d'un retour à la normalité », tout en les exhortant à « s'engager de bonne foi dans la mise en œuvre de l'Accord politique libyen et à se rallier à la paix et à la réconciliation. » Cette position de principe, réitérée par le président Bouteflika à la délégation conduite par le président du Conseil présidentiel Fayez El-Sarraj, qui s'est rendu au début de la semaine dernière à Alger, renouvelle l'engagement inébranlable, à travers le Groupe des pays voisins institué à Alger, en mai 2004, en faveur d'un « rapprochement des parties libyennes de toutes sensibilités » activement impulsé « en toute discrétion » et constituant un apport non négligeable à l'action onusienne. Sur cette base, il appartient aux Libyens eux-mêmes, comme l'a souligné à maintes occasions le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, de se déterminer pour prendre en charge leur propre destin. Un destin miné par la persistance des combats d'arrière-garde et le syndrome de l'intervention étrangère, combattue en son temps par l'Algérie et dont les effets sont vécus dramatiquement par le peuple libyen. L'inquiétude est montée d'un cran dans la communauté internationale taraudée par le défi de Daech. « La Libye a besoin d'un gouvernement d'union nationale qui peut s'allier à la communauté internationale » pour faire face à la menace terroriste, a souligné vendredi le lieutenant-colonel Michelle Baldanza, une porte-parole du ministère de la Défense américain. L'exigence d'une « solution politique » a été brandie par le secrétaire d'Etat à la défense, Ashton Carter, affirmant, lors de le réunion du Conseil de la sécurité nationale, tenue vendredi, garder l'œil grand ouvert sur la présence de Daech à Syrte, à quelque 450 km de la capitale libyenne. « Nous cherchons d'abord à aider » les Libyens « à prendre le contrôle de leur propre pays », a-t-il déclaré en saluant les efforts entrepris pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. La traque de Daech « dans quelque pays que ce soit » a été lancée par le président Obama, appelant à la poursuite de l'action de la sécurité nationale pour « renforcer la gouvernance et soutenir les efforts contre le terrorisme en Libye et dans les autres pays où Daech a cherché à établir sa présence ».