Deux heures durant, le SG par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, a évoqué, hier, lors d'une conférence de presse à l'issue de la session ordinaire du RND, toutes ces question. Concernant la révision constitutionnelle, Ouyahia a indiqué que ce projet sera présenté par le Premier ministre au Parlement conformément à l'article 176 de la Constitution. « Le chef de l'Etat a respecté la Constitution dans sa démarche de révision constitutionnelle », a-t-il souligné. Dans ce sillage, et pour affirmer que l'amendement de la Constitution n'a pas été conçu pour une personne ou une conjoncture précise, Ouyahia a précisé que Abdelaziz Bouteflika est revenu en Algérie en 1990 bien avant sa candidature à la présidence de la République, répondant ainsi à ceux qui disent que par le passé, les postulants à cette haute fonction n'étaient pas obligés de résider dix ans en Algérie. « Les artifices juridiques changent au fil du temps comme c'est le cas dans d'autres pays. Cessez de faire des procès d'intention », lâche-t-il, reconnaissant qu'auparavant, des ministres binationaux ont existé et certains ne s'en sont pas cachés. D'où l'introduction de l'article 51. Invité à se prononcer sur les changements opérés au sein des services de sécurité, Ouyahia a préféré utiliser sa casquette de chef de cabinet en signalant que le chef de l'Etat a entamé la restructuration des services de renseignement et de sécurité en 2013. « Cette restructuration est arrivée à sa fin en laissant derrière elle des fuites qu'il va falloir corriger. En réalité, le département du renseignement et de la sécurité a été dissous. Il ressort en substance la mise en place de trois directions générales, celles de la sécurité intérieure, de la documentation et de la sécurité extérieure, et du renseignement technique, qui seront toutes rattachées directement à la présidence de la République », a-t-il affirmé, précisant que ces structures sont gérées par Athmane Tartag, conseiller auprès du président de la République chargé de la coordination des services de sécurité rattachés à la Présidence. Il s'agit, pour lui, d'une évolution historique qui n'a aucunement « réduit les prérogatives du ministère de la Défense nationale ». « Saâdani et moi sommes des alliés » Pour lever toute équivoque sur sa relation avec le SG du FLN, Amar Saâdani, Ouyahia a affirmé qu'il n'est pas en conflit avec lui, rappelant qu'il était l'un des premiers à avoir soutenu sa candidature à la présidence de l'APN en 2004. « Nous ne sommes pas fous pour dire que nous sommes contre un parti qui partage avec nous le même gouvernement et les mêmes choix. Saâdani et moi ne sommes pas des amis mais des alliés, sauf que chacun a sa propre manière de s'exprimer », précise-t-il. Au sujet de l'irruption de l'argent sale dans la vie politique, le patron du RND a estimé que nul n'a nié cette question de « chkara » en tant que triste réalité durant les périodes électorales. « L'achat des voix est une honte, relevant d'abord d'un problème de réglementation », a-t-il estimé, confirmant que la question de l'argent sale sera soldée le jour où la manière de gagner de l'argent sera définitivement bien prise en main par la loi. Pour ce qui est de l'officialisation de tamazight, il a affirmé que son parti n'a pas d'état d'âme par rapport à l'article 178 de la Constitution car, dire que cette officialisation est intouchable dans ce projet ne change rien, sachant qu'elle constitue un chantier ayant encore un long chemin à faire. Que pense le SG du RND de l'article constitutionnel stipulant la consultation de la majorité parlementaire pour la nomination du Premier ministre ? « Nous n'avons aucune appréhension à ce sujet. Preuve en est, nous avons collaboré avec le gouvernement d'Abdelaziz Belkhadem par le passé, non pour des profits mais pour défendre un message politique. Tant que Abdelaziz Bouteflika est le président de la République, le gouvernement se doit d'appliquer son programme », a-t-il soutenu. Au plan économique, le SG du RND a estimé que « l'Algérie a encore une marge pour pouvoir redresser sa situation », a-t-il ajouté. Pour ce faire, il faut créer, selon lui, d'autres sources de financement. Souhaite-t-il poursuivre sa mission à la tête du RND ? Ouyahia s'est contenté de dire qu'il se soumettra au verdict du congrès extraordinaire du parti en tant qu'instance suprême du parti. « S'il a toujours besoin de mes services, je répondrai favorablement », a-t-il précisé. Pour répondre à l'opposition qui sous-entend qu'elle n'a pas été associée au projet constitutionnel, Ouyahia affirme que celle-ci « ne sait pas sur quel pied danser car elle ne prône que le pessimisme ». Interrogé sur le devenir de l'alliance présidentielle, il a tenu à rappeler que « cette initiative a été dissoute en 2011 avec le retrait du MSP qui a préféré suivre le vent du printemps arabe ».