S'il était quasi évident que le secrétaire général du parti au pouvoir, Amar Saâdani n'allait pas s'opposer à l'avant-projet de révision de la Constitution dont la copie a été dévoilée la veille, il a néanmoins surpris, hier, en s'élevant notamment contre les dispositions liées à l'interdiction d'accès aux hautes fonctions de l'Etat, notamment à la présidence de la République, des Algériens établis à l'étranger et/ou ne disposant pas de "la nationalité algérienne exclusive", voire d'une "résidence permanente de dix années précédant le dépôt de la candidature", (Articles 51 et 71). "Même si nous n'avons pas encore étudié en profondeur cette disposition, je ne vous cache pas que, personnellement, je trouve l'article 51, interdisant aux binationaux de participer à la vie politique du pays et à exercer de hautes fonctions, traduit l'exclusion de notre communauté nationale établie à l'étranger dont le nombre dépasse cinq ou six millions. Tout le monde se souvient de la période difficile qui avait contraint nombre de nos cadres et compétences à quitter, malgré eux, le pays. Je pense que cet article doit impérativement être amendé, car enlever le droit de la citoyenneté à un Algérien où qu'il se trouve est anticonstitutionnel. De ce fait, nous, le FLN, revendiquons l'amendement de cette article", a tranché, hier, en conférence de presse, le SG du FLN, en réitérant, par ailleurs, son souhait de voir ce projet adopté par voie parlementaire. Même s'il ne l'évoque pas, M. Saâdani s'opposerait également à l'autre article relatif à la candidature à la présidence de la République, en l'occurrence l'article 71 lequel verrouille aussi l'accès aux Algériens établis et/ou résidents à l'étranger, et davantage aux binationaux, à la magistrature suprême. Au-delà de ces articles qui ne semblent guère être de son goût, le SG du FLN dont le président organique n'est autre que le président Abdelaziz Bouteflika, s'est déclaré globalement "très satisfait" de cet avant-projet de révision constitutionnelle. Cela d'autant plus, s'exalte-t-il, qu'au moins 20 amendements dont "17 majeurs" sur les 40 propositions du FLN, y ont été retenus. Cela, quand bien même sa proposition pour que le Premier ministre soit choisi parmi la majorité parlementaire, ne figure pas telle qu'elle a été formulée dans cet avant-projet, car l'article 77 prévoit que c'est le président de la République qui désigne le Premier ministre après consultation de la majorité parlementaire. Bien au contraire, M. Saâdani se dit "doublement satisfait" de cette disposition tant est que, souligne-t-il, le Président, (du moins l'actuel), "vu qu'il appartient à notre parti majoritaire, va nous consulter". Et à l'adresse d'Ahmed Ouyahia, président du RND et néanmoins chef de cabinet de la Présidence, qui aurait "banalisé" cette disposition, à l'occasion de sa présentation à l'avant-projet de la révision constitutionnelle, Saâdani estime que celui-ci "n'avait pas à tenir un tel langage", allusion à cette petite boutade suggérant que la consultation de la majorité par le Président serait "un acte sans importance". L'officialisation de tamazight, le renforcement de l'indépendance de la justice, la promotion et l'enrichissement de la langue arabe, l'institutionnalisation des commissions d'enquête parlementaires, ou encore la limitation des mandats du président la République, sont, par ailleurs, autant d'amendements qui réjouissent le patron du FLN. Pour lui, "tout l'ensemble de ces changements apportés répond à l'aspiration de la société et de la classe politique". Farid Abdeladim