Laurent Fabius indiquera qu'en cas d'échec, « nous devrons prendre nos responsabilités en reconnaissant l'Etat palestinien ». Un tel projet n'est pas une première pour la diplomatie française. En juillet 2015, la France avait été contrainte d'abandonner l'idée de mettre en œuvre un plan de règlement du conflit israélo-palestinien. Le projet visait, dans une première étape, la création d'un groupe de soutien international au processus de paix réunissant des pays européens, les Etats-Unis, des pays arabes et le Conseil de sécurité. Dans un deuxième temps, Paris souhaitait faire adopter une résolution au Conseil de sécurité, exhortant Israël à reprendre les pourparlers avec l'Autorité palestinienne et exigeant un accord de paix juste et durable dans les 18 mois. Cette nouvelle initiative connaîtra-t-elle un meilleur sort ? Même si elle intervient au moment où les Palestiniens relancent leurs efforts pour que le Conseil de sécurité prenne position sur l'impasse actuelle au Proche-Orient, en adoptant, entre autres, une résolution contre la colonisation israélienne, les chances de voir le projet français aller au bout de sa logique semble infimes. Israël a d'ores et déjà annoncé la couleur en lui réservant une fin de non-recevoir quasi irréversible. Fort d'une impunité historique, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est allé jusqu'à rappeler à l'ordre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, « coupable » d'avoir rappelé l'illégalité de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et demandé son arrêt. C'est dire toute la difficulté qu'aura la France pour mener à bout son idée. D'autant que les Etats-Unis nous ont habitués à utiliser systématiquement leur droit de veto en faveur d'Israël. Espérer un revirement de la politique de soutien US à Israël relève, présentement, de la pure utopie. Obama, malgré ses engagements, n'a jamais pu, au bout de ses deux mandats, convaincre les Israéliens de reprendre langue avec les Palestiniens et encore moins relancer le processus de paix en dépit des nombreux déplacements de son chef de la diplomatie au Proche-Orient. Alors que les USA sont en pleine campagne présidentielle, et que l'on connaît le poids des lobbies juifs dans ce genre d'événement, il serait naïf de croire que la politique étrangère américaine va changer de cap. A ces deux éléments, on pourrait adjoindre la situation du monde arabo-musulman, caractérisée par une déstabilisation de la majorité des pays historiquement les plus engagés en faveur de la cause palestinienne, la neutralisation de la Ligue arabe et la guerre d'influence que se livrent l'Iran et l'Arabie saoudite, mais aussi l'affaiblissement de l'Europe plus préoccupée par le conflit ukrainien et la gestion du flux ininterrompu d'immigrés. Dans ce contexte global, la sortie de Fabius risque fort de n'avoir aucune portée historique, si ce n'est l'effet médiatique.