Les Etats-Unis ont mis leur veto vendredi soir au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution à l'initiative du groupe arabe déposé en janvier par le Liban, le Brésil et l'Afrique du Sud condamnant la politique de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Les quatorze autres membres du Conseil de sécurité ont tous voté en faveur de la résolution. Peu après le vote, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a expliqué que la résolution, si elle avait été adoptée, aurait pu "encourager les parties à demeurer en dehors des négociations". Elle a néanmoins souligné que la colonisation israélienne détruisait "la confiance entre les parties" et menaçait "les perspectives de paix". La décision des Etats-Unis de mettre leur veto est "malheureuse et affecte la crédibilité de l'administration américaine", a déclaré un haut responsable de l'OLP. C'est la première fois que les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution du Conseil de sécurité depuis que Barack Obama dirige le pays. Le projet de résolution, parrainé par quelque 130 pays, réaffirmait que "les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris El Qods-Est occupée, sont illégales et constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste, durable et globale". Aussi, les Palestiniens ont exprimé leur colère après le veto américain, alors que plusieurs pays ont réaffirmé que les colonies constituaient "un obstacle à la paix". La décision vendredi soir des Etats-Unis de mettre leur veto au projet de résolution condamnant la colonisation est "malheureuse et affecte la crédibilité de l'administration américaine", a dénoncé Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Selon ce même responsable qui est aussi un des principaux négociateurs palestiniens, l'Autorité palestinienne va "réévaluer" l'ensemble du processus de négociations de paix après le blocage du projet de résolution arabe, par le veto attendu de Washington. Pour sa part, Saeb Arekat, un autre membre du Comité exécutif de l'OLP a qualifié de "regrettable et injustifiée", le veto américain au texte arabe qui appelle Israël à mettre un terme à la construction de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés, y compris à elQods-est. La colonisation israélienne "est illégale", a rappelé M. Arekat soulignant que le veto américain ne changerait pas ce fait et ajoutant que "l'Autorité palestinienne poursuivra ses démarches diplomatiques, politiques et populaires contre cette colonisation", jugée contraire au regard du droit international. De son côté, Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, a indiqué que le veto américain allait encore "compliquer" la situation au Proche-Orient, et qu'il allait "inciter Israël à fuir ses obligations pour la paix". Peu avant le vote au Conseil de sécurité onusien, le président Abbas avait réaffirmé, lors d'un discours au siège de la présidence palestinienne à Ramallah en Cisjordanie occupée, que "le peuple palestinien veut la fin de la colonisation et de l'occupation". Par ailleurs, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la nuit de vendredi à samedi à Ramallah contre le veto américain au projet de résolution condamnant les constructions juives. Ce texte a, en revanche, reçu le soutien des 14 autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Mardi, le négociateur palestinien Nabil Chaath avait averti que Washington risquait de "perdre à jamais sa crédibilité comme parrain du processus de paix" au Proche-Orient s'il venait à user de son droit de veto au projet contre la colonisation, déposé mi-janvier par les représentants des pays arabes à l'ONU. A l'étranger, plusieurs pays et organisations ont rappelé le caractère illégal de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, après le veto américain au projet de résolution arabe contre la colonisation. La Grande-Bretagne, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité disposant d'un droit de veto, et qui a voté en faveur de la résolution arabe, a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères William Hague, appelé samedi Palestiniens et Israéliens à reprendre place autour de la table des négociations "le plus tôt possible". A Paris, la chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie a "regretté" vendredi l'absence d'accord au Conseil de sécurité sur le projet de résolution arabe condamnant la colonisation israélienne, exhortant du même coup à "une reprise immédiate" des négociations directes. La ministre française qui a, en outre, souligné dans un communiqué "l'unité des membres européens du Conseil sur cette question", a réitéré la position de son pays sur la colonisation "illégale au regard du droit international" et "qui doit cesser".