Le Premier ministre, Saad El Hariri, a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat en dépit de l'opposition du Hezbollah et ses alliés, fermement décidés à lui barrer la route. Face à l'échec des médiations internationales, c'est le leader druze Walid Joumblatt qui devait mettre fin à la crise en penchant la balance en faveur ou non de Saad Hariri, dont il était l'un des plus proches alliés avant de s'en démarquer. Le Liban est toujours dans l'impasse. Et rien, vraiment rien, ne plaide pour un dénouement rapide de la crise politique, tant les deux parties farouchement opposées, à savoir les partisans du Premier ministre Saad El Hariri, et ceux de l'opposition menée par le Hezbollah, et leurs soutiens étrangers (Les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite pour les premiers, et la Syrie et l'Iran pour les seconds) campent sur leurs positions et refusent tout compromis sur l'affaire du TSL (Tribunal sur le Liban) chargé de juger les assassins de Rafik El Hariri, dont le parti chiite de Hassan Nasrallah serait le principal accusé à travers l'acte d'accusation qui a été remis lundi dernier au magistrat de la cour internationale. Jeudi dernier, l'actuel Premier ministre, chargé par le président de la République d'expédier les affaires courantes (après la chute de son gouvernement en raison de la démission des ministres de l'opposition), a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat, et ce, malgré le refus catégorique et les pressions du camp adverse, plus que jamais décidé à lui barrer la route, en raison de son soutien au TSL. Le fossé séparant les deux camps est tel que même les médiations régionales (saoudiennes, syriennes, turques et qataries, voire même onusiennes après la visite jeudi à Beyrouth du représentant personnel du SG de l'ONU) visant une sortie de crise se sont soldées par un échec. JOUMBLATT, FAISEUR DE ROIS Face au blocage, c'est le groupe parlementaire du leader druze Walid Joumblatt qui fera pencher la balance en faveur ou non de Saad Hariri, dont il était l'un des plus proches alliés avant de s'en démarquer. Les responsables politiques, et de nombreux observateurs, ont déclaré que Joumblatt devrait soutenir le puissant parti du Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, coincé dans une impasse avec le Premier ministre chargé des affaires courantes Saad Hariri. Le chef druze a sous ses ailes onze députés – dont cinq chrétiens et sunnites – au Parlement, et doit recueillir le soutien de sept d'entre eux pour permettre au Hezbollah et ses alliés d'imposer leur candidat au poste de Premier ministre. «Il est clair que Joumblatt craint la violence sectaire et n'a d'autre choix que de soutenir le Hezbollah», a déclaré un responsable proche de son bloc parlementaire. «Nous sommes suspendus à un fil et si le Hezbollah gagne cette bataille uniquement politique, la situation pourrait ne pas dégénérer en violents affrontements», a-t-il ajouté. La réaction américaine ne s'est pas fait attendre : la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a indiqué, jeudi, que c'est aux Libanais eux-mêmes de résoudre leur crise politique, bien que les Etats-Unis soient prêts à leur apporter une aide, insiste la chef de la diplomatie américaine. L'Emir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s'est rendu, jeudi, pour la seconde fois en moins d'une semaine, dans la capitale syrienne, Damas, afin de s'entretenir avec son homologue syrien. Les deux hommes ont affirmé l'importance de la stabilité et de la sécurité au Liban et la nécessité d'empêcher la dégradation de la situation dans ce pays. La situation actuelle n'arrange pas les choses en vue de la formation d'un nouveau gouvernement. Le chef de l'Etat, Michel Sleimane, entamera dès lundi de vastes consultations avec l'ensemble des partis politiques pour mettre fin à l'impasse politique dont les conséquences font craindre aussi bien les Libanais que la communauté internationale.