Devenue l'un des grands enjeux de l'heure, l'efficacité énergétique commence à être prise au sérieux par les pouvoirs publics. Baisse des prix du pétrole oblige, ce nouveau concept vise à faire des économies d'énergie, notamment dans le bâtiment. Dans cette optique, les participants au séminaire national sur l'efficacité énergétique dans le bâtiment, organisé hier à Alger par l'Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie (Aprue) en collaboration avec l'Agence française de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe) ont souligné l'importance de réduire la consommation de l'énergie par les foyers à travers les équipements de CVC (chauffage, ventilation et climatisation). Et pour cause, ces derniers consomment entre 16 et 50% de la totalité de l'énergie. « Il y a des matériaux comme le liège et le polyester et le chauffage solaire dont les retombées sont indéniables sur la maîtrise de la consommation de l'énergie », a rappelé le directeur général de l'Aprue, Mohamed Saleh Bouzriba, aux représentants des institutions nationales concernées par la construction, des centres de recherche, des promoteurs immobiliers et des bailleurs de fonds nationaux. Dans ce sillage, il a souligné que le programme d'efficacité énergétique à l'horizon 2030 « nous permet de nous engager résolument sur l'efficacité du programme Ecobât (économie en batiment) », observant que des techniques et des matériaux locaux sont disponibles afin de développer une industrie des isolants et atteindre ce but. Une évaluation de l'efficacité énergétique des logements a, d'ailleurs, été lancée à Djelfa. L'opération a commencé en 2014 et s'est déroulée toute l'année pour respecter la saisonnalité ou tout au moins l'hiver et l'été afin de mesurer l'utilisation de l'énergie. Le DG de l'Aprue note qu'étant donné l'importance du bâtiment considéré comme secteur stratégique, le programme Ecobât a la particularité de prendre en considération toutes les zones climatiques du pays que ce soit au sud, au littoral ou dans les Hauts-Plateaux. Ce programme a touché également la wilaya de Mostaganem où 4.000 logements seront ciblés par l'opération avec le concours du ministère de l'Habitat. De son côté, le représentant du ministère de l'Energie, Mohamed Benadim, a fait valoir l'importance de la maîtrise de l'énergie en termes de gain d'énergie et de cessation des émissions des gaz à effet de serre. « La réhabilitation thermique des habitations assure un gain de 63 millions de tonnes équivalent pétrole qui représentent la somme de 42 milliards de dollars et réduit les émissions de gaz de l'ordre de 163 millions de tonnes de CO2 », a-t-il expliqué. En pratique, il s'agit, selon le DG du Centre national d'études et de recherche intégrées du bâtiment (Cnerib), Hamid Afra, de « promouvoir les matériaux locaux non énergivores ». Dans ce sillage, il a signalé que la mise en œuvre du programme national de développement de l'efficacité énergétique conduira à l'isolation thermique de 100.000 logements par an, la réduction 200 millions de tonnes de CO2 et la création de 180.000 emplois. Le représentant d'Ademe, Thierry Meraud, qui a rappelé que la Méditerranée est une aire géographique de l'énergie, a estimé nécessaire de s'engager pour l'exploitation de cette énergie à travers le photovoltaïque. Une démarche impérative d'autant qu'« en dix ans, la demande en énergie de la région a doublé et triplera d'ici à 2040 ». Meraud a insisté sur la poursuite des accords de coopération signé entre l'Ademe et l'Aprue en 2013, renforcés par un plan d'action pour la période 2015-2017 afin de consolider les activités de l'observatoire de l'efficacité énergétique et la poursuite de la formation des auditeurs énergétiques en bâtiment. Il a annoncé, en outre, la tenue, à Alger, d'un séminaire sur la transition énergétique en Méditerranée les 17 et 18 mai prochain.