Le 24 février 1956 naissait l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sous la houlette d'Aïssat Idir, éminent syndicaliste connu aussi pour son militantisme au sein du PPA/MTLD, sa qualité de membre du comité central et son rôle dans l'animation de la presse nationaliste. Aïssat Idir avait réussi le pari de diriger le mouvement syndical et ses camarades ont compris que c'était l'homme de la situation dont l'expérience lui permettait d'assumer pleinement cette mission avec d'autres membres fondateurs de l'UGTA. On citera Ben Aïssa Atallah, Bourouiba Boualem, Djermane Rabah, Ali Yahia Madjid, Mada Mohamed, Amrani Abdelkader, Lamini Amar, Haddadi Messaoud, Ayache Mohamed, Zitouni Ahmed, Rebbah Slimane, Abib Mohamed, Hanachi Mayouf, Bourouiba Hassen, Gaïd Tahar, Zioui Mohamed, Boudjelal Ali, Rabia Mohamed et Flissi Mohamed. A la veille du 24 février 1956, il existait en Algérie des syndicats groupés en unions affiliées à la centrale mère française, principalement l'UGSA-CGT (communiste), la CGT-FO (socialo-maçonnique), la CFDT (Confédération française des travailleurs chrétiens), les Cadres, le SNI (Syndicat national des instituteurs). L'UGSA-CGT regroupait en son sein le plus gros des travailleurs syndiqués, les Algériens fournissaient 70 à 80% des effectifs. Si l'UGTA est née le 24 février 1956, le principe de la création d'une centrale syndicale algérienne remonte au congrès du MTLD en 1953. L'application de la décision du congrès ne put voir le jour en raison de la scission du premier parti nationaliste d'Algérie qui apparut l'année même.Conscients de l'importance de fédérer les travailleurs autour de la libération du pays du joug colonial, les dirigeants de la révolution, principalement Abane Ramdane et Aïssat Idir, ont concentré leurs efforts dans le renforcement des rangs de lutte et ce par l'implication de toutes les forces vives de la nation dans la guerre de libération. C'est dans ce contexte que naquit l'UGTA, avec l'objectif clairement déclaré de mobiliser les travailleurs pour lutter contre le colonialisme. C'est grâce à la mobilisation menée par ces dirigeants fondateurs que l'organisation avait pris un essor fulgurant : 100.000 travailleurs y adhérèrent dès les premières années. Il faut dire cependant que l'UGTA fêtera son anniversaire dans une conjoncture relativement apaisée, même si le contexte est particulier avec la chute des cours du pétrole. Aïssat Idir, Abdelhak Benhamouda, Abdelmadjid Sidi-Saïd sont des pionniers ayant mené le combat syndical dans des circonstances parfois sensibles en vue de répondre au mieux aux attentes des travailleurs. Tout en mettant en garde les pouvoirs publics contre les risques que pourrait engendrer une certaine absence de lisibilité des programmes de politique économique et sociale, la centrale syndicale a toujours favorisé la voie du dialogue « responsable ».