L'humoriste, Fodil Assoul, a « allumé » le théâtre régional de Constantine (TRC), vendredi dernier, avec son one man show, décapant et ravageur, « Zalamit » (allumettes), présenté dans le cadre du mois du monologue. Plein d'énergie, Fodil, dans une fresque hilarante pleine de délicieuses métaphores, a malicieusement égratigné la société, ses défauts et les tics, campant cet Algérien irascible qui s'emporte facilement pour un oui ou un non, provoquant des fou-rires dans la salle, tout au long du show. L'artiste a parodié « une société kamikaze », hostile à toutes les normes de la retenue, et qui défie la logique et cultive la passion « d'expérimenter les évidences ». Torturant les zygomatiques des spectateurs, Fodil Assoul a détaillé les peines et les frustrations d'un Algérien « normal », dans une société qui « respire la bureaucratie » et aspire, a-t-il dit, « illogiquement la modernité ». Parfois « disjoncté », déployant une palette d'expressions à la gamme étendue, le comédien a évoqué des comportements quelquefois irrationnels d'une société souvent sans repères, pour raconter ensuite des choses simples que les gens vivent et subissent au quotidien, mettant les spectateurs devant des scènes des plus loufoques, mais qui reflètent de vraies scènes de la vie. Fodil a également évoqué son grand-père (personnage du monologue, s'entend), ce « grand sage qui a tenu à laisser à l'humanité un petit florilège de pensées truculentes », à travers deux beaux livres abordant la philosophie de la vie à l'algérienne et « l'habileté » dans le « pillage de Sonatrach ». Aux dernières nouvelles, a-t-il parodié, « le commissariat de Constantine, capitale de la culture arabe, a accepté d'éditer le premier livre, mais a refusé catégoriquement d'entendre parler du deuxième, une phrase qui a fait exploser la salle de rire. A l'issue du spectacle, ce comédien, venu de la cité Yemma Gouraya, a indiqué que son spectacle « Zalamit », monté en 2013, a été « pensé pour coller à l'actualité culturelle du pays » avec, en cours de route, quelques petites « retouches ». Affirmant que le spectacle, inspiré de comportements et de situations que l'on observe au quotidien, Fodil a soutenu que « l'interaction avec les spectateurs et leurs éclats de rires, tout au long du spectacle, (lui) ont donné beaucoup d'énergie et (l)'ont libéré ». De ses projets, Fodil Assoul, promu de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel d'Alger (ISMAS), a évoqué l'adaptation pour les planches du « Journal de Mouloud Feraoun » à travers la pièce « Divorce sans mariage », qui sera présentée prochainement au festival d'Avignon en France, à Casablanca (Maroc) dans le cadre du Festival du théâtre Amazigh et à Aix en Provence (France), au Festival international du théâtre. Organisé par le département Théâtre de la manifestation « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », le mois du monologue, clôturé avec « Zalamit », a permis au public constantinois de se délecter d'une vingtaine de spectacles tout en éclats de rire.