Les experts en économie divergent sur l'opération d'emprunt obligataire annoncée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Pour l'expert international en économie, Abderrahmane Mebtoul, l'emprunt national pose la problématique à court terme de la maîtrise de la stabilisation macro-économique. « La richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital. Puisque cette transformation n'est plus dans le champ de l'entreprise mais se déplace dans le champ institutionnel, dans cette relation, le système financier algérien est passif », estime le docteur Mebtoul. Ce dernier explique encore que les surliquidités au niveau de la sphère informelle montrent la difficulté de transformer le capital argent en capital productif. Evoquant la problématique de l'emprunt national et de l'emprunt extérieur, l'expert international estime que même si la situation économique est difficile, il faut éviter toute vision de sinistrose. A la différence de 1986, l'Algérie dispose, selon lui, d'importantes réserves de change estimées à plus de 140 milliards de dollars en février 2016. « Dans ce cadre, la décision de recourir à un emprunt national peut être une solution à condition qu'il y ait maîtrise de l'inflation et de la valeur du dinar », a-t-il souligné. L'expert en économie, Mourad Goumiri, affiche son pessimisme quant à cette opération qui vise les institutions financières uniquement telles que les banques et les assurances. Pour lui, c'est une opération qui n'aura pas d'effet positif sur l'objectif tracé par le gouvernement du fait que c'est l'argent mobilisé dans les banques et les assurances qui va être utilisé. « Le plus important, c'est d'absorber l'argent qui circule en dehors des banques », observe-t-il. Goumiri estime que l'épargne institutionnelle se fait dans tous les pays quand il y a un problème de liquidités. L'économiste Abdelmalek Serrai estime que si l'Etat arrive à récupérer l'argent qui circule dans l'informel, il n'aura pas besoin de contracter une dette extérieure. « L'importance dans cette opération est d'instaurer une politique de confiance et de transparence pour que le citoyen s'engage à participer à cet emprunt », juge-t-il. Selon lui, l'emprunt obligataire est beaucoup plus judicieux que l'opération destinée à attirer l'argent de l'informel. « Il faut viser ceux qui ont des affaires à l'étranger et qui veulent rapatrier leur argent », souligne Abdelmalek Serrai.