Abdelkader Alloula était un dramaturge à l'esprit novateur. La scène était pour lui un espace d'expérimentation. La seconde édition des « Rencontres Alloula », prévues du 10 au 12 mars prochain, permettra aux jeunes comédiens de découvrir l'esprit créatif et les techniques scéniques de ce génie. « La reprise des œuvres d'Alloula par de jeunes troupes amatrices permettra de revisiter son travail avec un nouveau regard qui ne peut être qu'objectif, puisque ces artistes ne connaissent le défunt que par la richesse de son legs », avait indiqué le dramaturge, Mourad Senouci, lors de la première édition des « Rencontres Alloula », il y a deux ans. Sur un autre plan, à travers ses œuvres et les témoignages de ses proches et amis, les jeunes comédiens et amateurs de théâtre pourront mieux connaître et s'imprégner des valeurs humanistes de Alloula constamment à l'écoute de son prochain et vouant un grand amour, une abnégation sans faille aux malades. Ses visites ponctuelles au centre des enfants cancéreux d'El Hassi (Oran) étaient autant des moments particuliers que de joie intense. De Berthold Brecht à Koltes, en passant par les grands classiques tels Molière et Shakespeare, ainsi que les auteurs maghrébins, le barde Abderrahmane El-Majdoub, Allalou à Kaki, la « Commedia Dell'arte » ou en adaptant des textes de Gogol, Goldoni, Aziz Nesin et autres écrivains, Alloula a puisé dans le patrimoine local, maghrébin et universel, son but étant de parachever un nouveau théâtre algérien à valeur universelle. Son mérite est d'avoir su adapter la langue parlée, tout en lui donnant la puissance du jeu théâtral. L'expérience de la Halqa, cette tradition ancestrale très répandue dans les souks et sur les places publiques dans les campagnes, a débouché sur plusieurs œuvres théâtrales, notamment sa célèbre trilogie, pour lesquelles Alloula a revisité la Halqa et le meddah, tout en élaborant un langage inspiré de la langue populaire des Algériens, la langue vivante par excellence. Les œuvres de Alloula marquent également une rupture avec le théâtre aristotélicien où le spectateur reste passif. Il en a fait de celui-ci un élément dynamique du spectacle.