L'effet Trump surfant sur une campagne houleuse s'estompe. Le rappel à l'ordre du président Obama a traduit la crainte d'un dérapage des primaires émaillées d'échauffourées et davantage marquées par le grand désordre de la famille républicaine à rangs désunis. « Ce sur quoi les gens en course pour la présidence devraient se concentrer, c'est comment on peut faire pour que cela aille encore mieux. Pas d'insultes ni de railleries de cour d'école, pas de divisions fondées sur la race et la foi, et certainement pas de violences contre d'autres Américains », a-t-il martelé. Le climat de violence a atteint son paroxysme à Chicago où des partisans et des adversaires du favori des Républicains se sont livrés à des batailles rangées. « Ces gens organisés, pour beaucoup des voyous (...), ont carrément dynamisé l'Amérique », a commenté Trump pointant également du doigt le « forcené » accusé d'être « lié à Daech » qui a tenté de perturber, samedi dernier, le meeting improvisé sur la piste de l'aéroport de Dayton. A Kansas City et Cleveland (Ohio), des dizaines de militants anti-Trump, majoritairement noirs, ont dénoncé l'« Amerikkka » en référence au mouvement raciste dont certains membres sont accusés de le soutenir. Au cœur de la tourmente, le candidat par qui le scandale est arrivé s'enlise dans une rhétorique discriminatoire à l'endroit des immigrés et une islamophobie maladive. Cette dérive a porté un coup sévère à l'image du candidat de l'Amérique de la grandeur et du rassembleur. En perte de vitesse dans les derniers caucus de l'Etat du Wyoming et de Washington, remportés respectivement par le sénateur du Texas Ted Cruz et le sénateur de la Floride Marco Rubio. A l'approche du « super mardi » du 15 mars, mettant en jeu cinq grands Etats (Floride, Illinois, Missouri, Ohio, Caroline du Nord), l'enjeu vaut la chandelle pour le milliardaire contesté qui entend se refaire une santé pour conforter son avance (461 délégués devant Ted Cruz avec 362, Marco Rubio avec 154 et John Kasich avec 54). Cette soirée sera tout aussi cruciale pour ses rivaux en lutte pour leur survie, notamment pour le sénateur de la Floride, Marco Rubio, qui joue son va-tout à domicile et le bon dernier des primaires, le gouverneur, John Kasich, dont une défaite sonnerait le glas. La bataille des primaires opposera dès lors Trump qui, même en cas de victoire, ne sera pas assuré de l'investiture, et le champion de la droite religieuse, l'ancien du Tea Party intronisé en candidat crédible de l'establishment et considéré comme le seul candidat capable de disputer la première place à l'encombrant ou, au minimum, l'empêcher de se présenter en vainqueur au soir de la Convention. Le dilemme républicain est parfaitement exprimé par le sénateur Lyndsey Graham. « Je préférerais Rubio contre Kasich. Rubio et Kasich contre Cruz. Mais si Cruz est la seule alternative à Trump... au moins Cruz c'est un républicain conservateur », a-t-il souligné. Dans le camp démocrate, la partie est trop belle pour la favorite Hillary Clinton tout heureuse dans la perspective d'un duel attendu pour la présidentielle, de charger le candidat républicain Trump. « Si vous jouez avec le feu, vous allez causer un incendie incontrôlable. Cela ne s'appelle pas gouverner. C'est jouer au pyromane politique. » En tête de la course, elle dispose d'une confortable avance (772 délégués contre 551 pour le sénateur du Vermont Bernie Sanders) à laquelle viendront s'ajouter les 500 « super délégués ». Il lui reste de consolider une avance voulue, à commencer par le « super mardi », insurmontable.