Toutes les orientations et recommandations prônent la réhabilitation de l'agriculture comme étant un secteur clé permettant à l'Etat de réduire sa dépendance aux hydrocarbures. D'aucuns considèrent également qu'il est temps de doter le secteur agricole de tous les moyens nécessaires permettant son développement. L'enjeu est crucial, car il s'agit d'atteindre l'objectif de l'autosuffisance alimentaire et par conséquent. Du point de vue de l'expert en économie, membre du Forum des chefs d'entreprise, Redha Hamiani, la valorisation du secteur agricole est une action qui s'impose d'elle-même. « L'Etat doit accorder un intérêt particulier à ce secteur comme il doit placer la question de son développement au centre de ses préoccupations », a-t-il souligné. Pour cet expert, « l'agriculture constitue l'alternative de l'après-pétrole, voire une des principales solutions permettant la renaissance de l'économie nationale et sa diversification. Les potentialités existantes dans ce secteur sont importantes, a-t-il dit, mais « malheureusement très peu exploitées », précisant que la surface exploitée ne dépasse pas les 3%. Selon Redha Hamiani, des efforts devront être faits pour que ce secteur prenne de l'élan et joue le rôle qui lui revient. La priorité, voire l'urgence, selon lui, est de répondre aux besoins nationaux. Pour ce faire, il est impératif, a-t-il fait observer, de booster la production. « Nous sommes les derniers au niveau de la région méditerranéenne en termes de production agricole, notamment céréalière, avec une moyenne de 11 quintaux à l'hectare. Et pourtant, nous avons des potentiels non négligeables ». La preuve, a-t-il avancé, le ministère a mis en place le Club des 50 quintaux. Opter pour des choix stratégiques Que doit-t-on faire pour justement rentabiliser ce secteur qui, en plus du manque de moyens, se trouve confronté à l'aridité du sol ? Redha Hamiani estime qu'il est nécessaire de « clarifier et d'affirmer » le statut de la terre. « L'ouverture pour l'acquisition du foncier agricole s'est faite dans le désordre. L'agriculteur a besoin de se sentir chez lui pour qu'il soit plus rentable », a-t-il estimé, ajoutant qu'il y a d'autres problèmes à résoudre, citant entre autres le financement. « Malgré les subventions, les agriculteurs manquent de financement. D'où la nécessité de créer une ouverture complémentaire qui liera les paysans aux détenteurs de capitaux ». Le système des subventions doit être revu, d'après lui, pour qu'il soit plus bénéfique aux fellahs producteurs. Le patronat plaide également pour l'extension des surfaces agricoles. « Nous n'avons pas de grandes exploitations. Les surfaces se situent entre 7 et 8 hectares par exploitation. C'est très petit. Ce qui ne nous permet pas de rationaliser ces exploitations », a-t-il avancé, tout en proposant de créer des coopératives agricoles. Hamiani soutient, en outre, qu'il est primordial d'opter pour des choix stratégiques en accordant plus d'intérêt à des filières spécifiques. Il s'agit des filières céréale et lait pour réduire la facture d'importation du blé qui avoisine les 4 milliards de dollars par an et celle de la poudre de lait qui dépasse le un milliard de dollar. Pour la production maraîchère, Hamiani se dit plutôt optimiste. « La production est bonne », a-t-il avancé. De son côté, Akli Moussouni, ingénieur et expert en développement, souligne « l'urgence » de mettre les mécanismes pour une mise à niveau de ce secteur. « L'agriculture est un secteur névralgique que l'Etat doit réhabiliter. Il pose problème du fait de sa médiocrité et dont les conséquences font que les besoins alimentaires du pays sont assurés totalement à travers l'importation ». Pour cet expert, le développement de l'agriculture ne peut être réalisé sans la protection des ressources hydriques. Il recommande de rationaliser l'utilisation de l'eau et de mettre en place des mécanismes à même de donner un fonctionnement autonome aux filières, de réorganiser les professions autour des produits , d'impliquer les vocations des territoires et surtout d'assurer un encadrement technique au niveau des exploitations.