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L'agriculture en débat
Publié dans Le Maghreb le 22 - 02 - 2011


Par Mohamed KHIATI (*)
Jamais les discours à caractère
socio-économique abordant la notion du développement agricole n'ont fait abstraction du mot d'ordre sécurité alimentaire, et le cours de l'histoire confirmé par les réalités du présent démontre que l'indépendance réelle des peuples se mesure par leur degré d'autosuffisance alimentaire. Elle est seule et unique
référence du reste. Les pays n'ayant pas atteint cet objectif se trouvent
incapables de lutter contre l'oppression et l'exploitation. Dès lors, le lien est établi : la sécurité alimentaire devient un gage de souveraineté nationale.
Ce développement conceptuel doit prendre en charge le traitement particulier à accorder à l'agriculture, en tant que secteur vital et éminemment stratégique, longtemps à la recherche d'un statut conforme à ses missions. Le secteur agricole qui emploie près de 24% de la population active totale recèle en effet, les seules ressources durables et renouvelables pour alimenter de façon régulière, la population en biens alimentaires. Sa redynamisation constitue, dans une conjoncture économique nationale particulièrement favorable, un objectif capital autour duquel, doivent se focaliser les efforts pour au moins réduire le déficit de la balance commerciale agricole.
Considéré comme domaine prioritaire par les différents plans de développement qui se sont succédés, le secteur agricole n'a cependant pas bénéficié des moyens et des mesures mises en place d'un encadrement suffisant. La contradiction est d'autant plus à relever que le long de la période de gestion administrative de l'économie, correspondant à la mise en œuvre des réformes agraires dans le contexte du socialisme et de l'économie planifiée, l'ensemble de la société attendait du producteur agricole qu'il lui assure une alimentation régulière, de qualité et à bas prix, en subissant seul, les conditions de travail et de vie les plus défavorables et en endossant à lui seul, les risques de l'activité agricole.
Marginalisé et fragilisé au cours de cette période marquée par les effets des restructurations successives, le secteur agricole a nécessité une intervention permanente de l'Etat pour le conforter dans son rôle stratégique découlant du " contrat social " qui lie les producteurs agricoles à la collectivité nationale. Cette intervention de l'Etat, par le biais de différents instruments de régulation était d'autant plus nécessaire que le passage à l'économie de marché risque de fragiliser davantage le secteur agricole. Elle aura, dans ce contexte, pour principales finalités l'assainissement et la consolidation du secteur agricole pour lui assurer une protection suffisante à même de lui permettre d'entrer dans la compétitivité inévitable à un contexte de marché libre et de concurrence. L'intervention de l'Etat par la régulation s'est inscrite dans un contexte de rupture radicale dans lequel, l'agriculteur passe du statut de producteur assisté et/ou marginalisé à celui d'entrepreneur autonome et responsable. La nécessité d'une transformation radicale des rapports au sein de l'agriculture s'est faite, ces dernières années, d'autant plus ressentir que les réformes successives engagées procédaient d'une approche qui reléguait au second plan, sinon occultait les motivations et les intérêts profonds des agriculteurs.
Les échecs relatifs des politiques agricoles menées depuis l'indépendance à une époque récente, sont l'illustration parfaite de l'absence de l'implication des agriculteurs dans la réalisation des objets définis. C'est pourquoi, la " sécurisation " des producteurs s'est progressivement imposée comme l'idée maîtresse à partir de laquelle, l'élaboration de toute politique de développement agricole peut se concevoir. Cette sécurisation procède d'une démarche qui s'apparente à la " politique des petits pas " correspondant, à chaque étape, à un saut qualitatif donnant à ce concept de " sécurisation " sa signification entière. Les mesures entreprises ces dernières années en direction du monde agricole et rural procèdent également de la volonté d'aboutir à la " sécurisation " des producteurs et à l'établissement ou au rétablissement du lien extrêmement fort entre l'agriculteur et la terre.
Fondée sur l'adhésion totale des producteurs, toute politique de développement agricole doit organiser la convergence nécessaire entre les intérêts de l'Etat ou de la collectivité nationale, et ceux des agriculteurs. Elle doit garantir aux agriculteurs que l'intensification de la production qu'ils réalisent et l'effort supplémentaire qu'ils consentent, leur profiteront directement en termes d'amélioration des niveaux de vie ou de revenu, tout comme ils profiteront à tout le corps social en termes de diminution des prix relatifs des produits agricoles.
Ce faisant, toute stratégie agricole et rurale fondée sur le principe de la vision et de l'action exige de rassembler le potentiel de connaissances accumulé au sein des secteurs d'activité et d'analyser les causes qui sont à l'origine des inadaptations et des décalages du système productif par rapport aux besoins de la société ;' d'exhumer les programmes sectoriels étudiés afin de les actualiser et rétablir les articulations et les cohérences internes ; de corriger les distorsions qui ont enfermé les agriculteurs dans des modes de gestion paralysants des structures agraires et un environnement peu aptes à remplir la fonction de validation du travail ; de définir des référentiels techniques locaux qui autorisent à la fois un contrôle scientifique plus rigoureux des conditions de reproduction de la fertilité naturelle des sols, une protection des écosystèmes existants et un accroissement ininterrompu de la productivité des terres agricoles.
Aussi, c'est en s'appuyant sur les expériences et les bilans des modèles connus et opposés de croissance agricole que s'est construite, ces dernières années, une politique agricole intégrée dans une vision économique globale, qui tend à améliorer les niveaux de cohérence entre les politiques agricole, alimentaire et agro-alimentaire qui ajustent au mieux, les instruments de régulation et de fonctionnement économiques aux objectifs visés qui assure enfin une stabilité, une régularité et une continuité des activités et des projets agricoles conduits par l'Etat.
Dans l'ordre de cette tendance et tirant les leçons des expériences antérieures, de nouvelles orientations et des choix stratégiques ont été adoptés depuis l'an 2000, dont les fondements ont été cristallisés sur une agriculture solidaire fondée sur la complémentarité et la modernisation des méthodes et des moyens, une agriculture réhabilitée et insérée au sein de l'économie nationale, basée sur un développement durable mettant en valeur les richesses naturelles, les productions, les savoir-faire des différentes régions et les spécificités de chaque terroir.
Ces nouvelles orientations et choix stratégiques ont été traduits dans les faits, par la mise en œuvre du Plan National du Développement Agricole (PNDA), lancé en 2000 et qui fût élargi à la mi 2002 par la dimension rurale. La finalité première de la nouvelle démarche de développement est de permettre, de façon progressive, au secteur agricole de consolider sa place dans l'économie nationale, de contribuer de manière plus significative à l'amélioration de l'offre en produits agricoles, d'assumer son rôle en matière d'aménagement et de préservation de l'espace agricole et rural et enfin de réussir son intégration à l'économie internationale et d'améliorer sa compétitivité.
Corroborée par le soutien des hautes autorités du pays, le PNDA s'inscrivait dans le cadre de la relance de l'économie nationale et des orientations du président de la république, dont le programme insiste sur : " le renforcement du cadre de fonctionnement de l'économie nationale et sa mise en cohérence afin de créer les conditions d'une pleine valorisation de nos ressources et de mener les actions nécessaires pour assurer la reprise de la croissance économique et le développement de l'emploi, ainsi que la rénovation des fonctions de l'administration" (1).
Le nouveau contexte économique et les évolutions récentes se sont traduits par des changements positifs qui appellent leur approfondissement et amplification, en vue d'établir la convergence entre l'intérêt général et les intérêt propres des producteurs et d'entrevoir la jonction du savoir et du savoir -faire, si indispensables à tout progrès et la mise en œuvre des conditions nécessaires au départ d'une relation renouvelée où l'Etat s'attache à lever les contraintes qui pèsent sur le développement agricole et son soubassement le monde rural, à veiller aux conditions d'une juste rémunération du travail agricole et à aider les exploitants dans le cas de calamités naturelles mais où les agriculteurs doivent assumer, à leur tour, en pleine responsabilité les résultats de leurs actions, et où leurs revenus doivent dépendre exclusivement du fruit de leurs efforts et de leur initiative créative.
La sécurité alimentaire du pays revêt une importance cruciale au regard du fort taux de croissance démographique, de la relative faiblesse de nos ressources naturelles en sol et en eau, de la nature aride et semi-aride du climat et des incertitudes liées à la situation économique mondiale.
L'agriculture est une activité économique fondamentale pour la population algérienne à un moment où la croissance non agricole ne permet pas encore d'offrir des emplois nombreux et rémunérateurs. Outre sa fonction économique, l'agriculture conservera un rôle social et environnemental précieux. Employant de nombreux travailleurs et leurs familles, dans l'exploitation et hors exploitation en milieu rural, elle a un rôle crucial.
En valorisant les espaces et les ressources en terres et en paysages, elle contribue à préserver l'environnement. Cependant, l'inefficacité de son agriculture coûte cher à l'Algérie : La facture alimentaire, alourdie par l'importation de facteurs et de moyens de production, pèse lourd sur les importations et constitue un butoir financier à la croissance des autres secteurs de l'économie nationale. Les violentes fluctuations de la production ont des effets négatifs sur les prix à la consommation, les revenus des producteurs et la balance commerciale. Le niveau de dépendance actuelle appelle une sortie rapide de la crise.
La stratégie du développement agricole doit tenir compte des avantages comparatifs réels de l'agriculture algérienne et notamment de sa diversité territoriale. Elle doit s'inscrire, progressivement, dans le cadre de l'ouverture de l'économie agricole en visant une amélioration de la balance commerciale agricole à moyen terme. Les programmes de reconversion des cultures et de l'occupation des espaces, ceux de mise en valeur par la concession sous leurs différentes formes, les projets de proximité ou les programmes du développement rural, doivent être conduits de manière sélective et raisonnée, en tenant compte des impacts socio-économiques qu'ils auront et des qualifications et expertises qu'ils nécessitent.
Le PNDA élargi à la dimension développement rural, deux années plus tard, puis recentré, dans sa conception et sa mise en œuvre à partir de 2008, à travers la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural, laquelle conduite par une démarche novatrice et par les moyens financiers qu'elle recouvre (200 milliards de DA/an à l'horizon 2014), constitue le fait majeur d'une politique de relance qui incite en Algérie tous les acteurs de l'économie agricole et rurale, en premier lieu, les agriculteurs, les éleveurs, les opérateurs d'amont et d'aval, et en second lieu les institutions de recherche, de formation, de vulgarisation et de développement publiques ou professionnelles, à mieux répondre aux enjeux de l'économie agricole algérienne tant au plan économique que social ou encore environnemental collant aux principes de la durabilité. Aujourd'hui, la tendance lourde du commerce agricole et alimentaire mondial est à la hausse continue et irréversible à long terme en terme de prix des produits alimentaires sous les effets conjugués de la croissance de la demande des pays émergents et de l'augmentation des prix de l'énergie qui pousse à l'utilisation de plus en plus importante des biocarburants. De nombreux experts d'institutions internationales (Commission Européenne, Conférence de la FAO des chefs d'Etats à Rome, l'OCDE) sont enclins à penser que " l'ère de l'alimentation à bas prix est révolue " et " que les prix des produits alimentaires resteront élevés ", soient moins de 20 à 40% par rapport à la décennie 1990, selon les prévisions récentes .
Face à cet état de fait, l'Algérie se doit d'assurer sa sécurité alimentaire. Celle-ci étant entendue comme " la capacité du pays à nourrir tous ses citoyens de façon saine, équilibrée et permanente et ce, quelles que soient les circonstances (calamités naturelles entraînant de mauvaises récoltes, événements interrompant les circuits d'approvisionnement habituels)". Désormais, la sécurité alimentaire ainsi entendue est partie intégrante de la sécurité et de la souveraineté nationales. Enfin est-il nécessaire de dire aujourd'hui, que Dieu nous a dotés de tant d'hydrocarbures et nous devons impérativement nous 'impliquer pour avoir autant d'hydrates de carbone.
(*) Agronome Universitaire. Il est auteur de trois ouvrages :
1.L'agriculture algérienne : de l'ère précoloniale aux réformes libérales actuelles " paru chez l'ANEP-2008.
2.L'Essentiel de la vulgarisation agricole : théorie et pratique, édité par l'INRAA en 2007.
3.De la Communication en Général et de la Vulgarisation Agricole, en particulier, édition Thala, 2010.
(1). Extrait du Discours du Président de la République, M. Abdelaziz BOUTEFLIKA, du 26 novembre 2000.


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