Malgré l'entrée en vigueur de nombreux cessez- le-feu et la tenue de plusieurs rounds de négociations, le Yémen n'arrive pas retrouver le chemin de la paix. Le pays subit toujours les affres d'un conflit qui a tout détruit et fait, en quelques mois seulement, 6200 morts dont près de la moitié sont des civils. L'intervention de la coalition arabe, menée par l'Arabie saoudite, exacerbe les tensions. Elle a mené, mardi dernier, des raids aériens sur un camp d'entraînement d'Al-Qaïda, faisant des dizaines de morts et de blessés. Selon des responsables du Pentagone, un raid aérien de la coalition arabe a visé un camp d'entraînement d'Al-Qaïda, faisant des dizaines de morts et de blessés à Hajr, à l'ouest de Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout conquise par le groupe terroriste en avril 2015. Des sources tribales dans la région ont indiqué qu'une série de frappes avait touché le camp d'entraînement et que des membres de l'organisation blessés avaient été hospitalisés à Moukalla. En appui au gouvernement yéménite, l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes ont lancé, le 26 mars 2015 au Yémen, une campagne militaire contre les Houthis et leurs alliés sous prétexte qu'ils s'étaient emparés de larges pans du territoire dont la capitale Sanaâ. La coalition a visé ces groupes, pour la première fois, la semaine dernière à Aden. Les forces américaines déployées dans la région agissent sous prétexte de protéger ses ressortissants contre toute attaque terroriste. « Cette frappe porte un coup à la capacité des groupes d'utiliser le Yémen comme base pour des attaques contre des Américains et illustre notre engagement à vaincre Al-Qaïda et à le priver d'un havre sûr », a souligné le ministre américain de la Défense. L'ingérence de la coalition dans les affaires internes du Yémen a plongé le pays dans un chaos, sans précédent, entravant toute démarche diplomatique, d'autant plus que les forces progouvernementales peinent à reprendre les villes conquises malgré le soutien militaire étranger. Un statu quo qui favorise les divisions déjà profondes entre les parties au conflit. La coalition ne semble pas tenir compte de l'impact de ses interventions et du ressentiment qu'elle suscite au sein de la communauté internationale, surtout après les frappes qui ont pris pour cible, la semaine dernière, un marché d'une province yéménite, ayant fait 120 morts dont 22 enfants.. Qualifiant ces incidents de terribles, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU a accusé Riad et ses alliés d'être responsables de deux fois plus de victimes que toutes les autres forces réunies. Pour le secrétaire général de l'ONU, les frappes constituent une violation grave des lois humanitaires. Il avait, suite aux bombardements de ce marché, demandé une enquête rapide, efficace, indépendante et impartiale. Un rappel à l'ordre qui ne semble nullement affecter la coalition, qui fait la sourde oreille.