Privés de la « marche de la peur », reportée de « quelques semaines » pour des raisons de sécurité, les Bruxellois continuent de faire front pour « montrer à ceux qui veulent nous mettre à genoux que nous resterons debout », selon les organisateurs. De nombreux Belges se réunissent quotidiennement, depuis mardi dernier, place de la Bourse, au cœur de la capitale. Hier, une veillée œcuménique devait avoir lieu en fin d'après-midi en la cathédrale de Saint-Michel et Gudule. Dans ce climat de mobilisation citoyenne, la traque se poursuit. Si les autorités belges attendent beaucoup du suspect-clé, Abdeslam Salah, arrêté après 4 mois de cavale, néanmoins muré dans un refus de collaboration, l'enquête progresse. L'énigme de « l'homme au chapeau » qui a déposé une bombe à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem aux côtés des deux kamikazes, Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui, semble connaître son épilogue avec l'inculpation d'un suspect, Fayçal Cheffou, qui se présente, selon une source proche de l'enquête, comme un journaliste indépendant dans une vidéo mise en ligne en 2014. « C'est une hypothèse », affirme une source proche de l'enquête, en attendant une identification formelle. Comme pour attester de l'imbrication des réseaux terroristes français et belges, un second suspect de l'attentat déjoué en France, Abderahmane A., a été arrêté vendredi dernier à Bruxelles et inculpé pour « participation aux activités d'un groupe terroriste » par le procureur fédéral, après la neutralisation d'un premier suspect, Rabah N. . Près de Paris, l'arrestation du principal suspect, Reda Kriket, a révélé l'existence d'armes et d'explosifs découverts dans ce qui est désormais considéré comme le « Molenbeek français ». Il y a en France « une centaine de quartiers aux « similitudes potentielles » avec la commune belge, a martelé le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanne, pointant du doigt la gestion déficitaire de l'ère Sarkozy accentuant la précarité et la marginalisation de la jeunesse livrée au radicalisme religieux. « Nous avons tous une part de responsabilité », a-t-il toutefois reconnu. Dans cette guerre contre le terrorisme international, la bataille est engagée pour tarir les ramifications. En Italie, à la demande de la justice belge qui avait émis un mandat d'arrêt européen dans le cadre d'une enquête sur des documents falsifiés utilisés par les kamikazes de Paris et de Bruxelles et leurs complices, la police italienne recherchait, hier, un complice du suspect Djamal Eddine Ouali, arrêté samedi dernier près de Salerne (sud de l'Italie) lors d'une opération conjointe du service central antiterroriste et de la division des opérations spéciales de la police (DIGOS) de Rome. A la faveur de cette avancée, le démantèlement des bases de Daech connaît des progrès indéniables. Avec plus d'une trentaine d'hommes morts ou arrêtés, le réseau responsable des tueries de Paris et de Bruxelles « est en voie d'être anéanti », comme l'a proclamé le président français, François Hollande. Mais, le plus dur reste à faire pour éradiquer la menace toujours présente avec l'existence de plusieurs autres réseaux.