Produit dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 », et « Factory Corp » pour la post-production, « Le patio » de Sid Ali Mazif est un film social réalisé dans un format DCP et 35 mm, d'une durée d'une heure trente-cinq minutes. Il est le premier film à être entièrement fait en Algérie (production et post-production). Le long métrage, qui traite des thèmes du célibat et de l'héritage, débute par un survol aérien de la ville de Constantine, presque aussi analogue au reportage de Yann Arthus Bertrand. A la périphérie de la ville, dans une grande maison de style mauresque nommée « Le Patio », un groupe de six femmes évolue dans une ambiance parfois heureuse et parfois étrange. Louiza Habani (Louiza), dans le rôle de la propriétaire de la maison, Amirouche Hamid (Cherif, son époux décédé), Mouni Boualem (Farida, photographe-reporter émancipée), Tinhinan (Fatma, sage-femme pieuse), Manel Gougam (Lylia, étudiante en informatique, immature), Wissem Meghanem (Rym, femme au foyer et fille de Cherif et Zohra), Noura Benzerari (Aïcha, voisine opportuniste), donnent vie à l'intrigue. Si elles sont toutes unies par le célibat, elles tentent de mener une vie sans ce grand absent-présent qu'est l'homme. Elles ne vivent pas une fatalité mais assument un choix. Louiza est rongée par les démons du passé mais élève, dans un mutisme total, la fille de son époux. Elle se retrouve confrontée à celle-ci qui veut lui arracher son héritage, une sublime demeure, sous prétexte qu'elle est stérile. Des destins, des appréhensions, des rêves et des ambitions sont décrits avec talent par de jeunes acteurs à qui Mazif a offert l'opportunité de s'affirmer. Ils ont réussi à raconter d'une manière cohérente l'histoire. Mouni Boualem et Manel Gougam se disent très heureuses « de mener cette première expérience très riche et profitable ». Enfin un film projeté ! A l'issue de la polémique suscitée autour de la réalisation de ce projet (Louisa Hanoune avait décrié les faveurs offertes au producteur pour le faire bénéficier d'un financement de douze milliards de centimes), le réalisateur a tenu à mettre les choses au point. « Après maints déboires, le film a été présenté. Ce qui m'intéresse, c'est que l'œuvre soit visionnée et débattue, parce que rien ne sert de faire un film s'il reste au fond d'un tiroir. Si j'en parle, c'est en connaissance de cause. J'ai plusieurs films qui ont été censurés notamment le film sur la violence contre les femmes, la cause des femmes autour des associations féministes qui activent depuis l'Indépendance jusqu'à aujourd'hui. » Evoquant le « Patio », il a affirmé qu'au « départ le film était destiné à être un documentaire préparé en 2005. Cependant, on m'a empêché de le faire. Après avoir attendu, j'ai profité de l'organisation de « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 » pour présenter cette production comme long métrage de fiction. « Il s'agit d'histoires réelles », a-t-il ajouté. Pour le réalisateur, le thème du célibat « est un phénomène de société. Il existe 7 millions de femmes célibataires en Algérie, pour des causes connues de tous : crise du logement, l'inaccessibilité aux métiers... C'est un sujet brûlant qu'il faut absolument aborder. Je ne suis pas moralisateur, je suis seulement témoin. Et je dénonce les faits à travers la création ». Mme Nadia Labidi, ex-ministre de la Culture, a estimé pour sa part « être contente pour trois raisons. Comme chaque film, c'est une victoire pour le cinéma algérien, parce qu'on sait les difficultés de produire, ou réaliser un film. Tout le monde peut constater que ce film a été produit par le Centre algérien de développement du cinéma, une entreprise qui active sous l'égide du ministère de la Culture, et non pas une société privée, comme cela a été dit auparavant. Ce film qui a été agréé en 2013 par le ministère de la Culture ; il a bénéficié d'un budget minimum. Je suis contente pour Sid-Ali Mazif qui a pu mener ce film à terme, malgré une campagne de mensonges hostile. » L'actrice Mouni Boualem a adoré son personnage. « Il n'est pas assez différent de ma personnalité. Je pense que la femme algérienne se reconnaîtra à travers les six femmes. » Elle a révélé qu'elle est distribuée dans une nouvelle série télévisée « Zhor al mazhora » en 30 épisodes. Elle y interprète le rôle principal d'une femme paysanne qui se marie avec un homme riche et qui hérite du gros lot. Ambitieuse et opportuniste, elle finit par se présenter aux élections pour assurer les responsabilités d'une maire.