La Libye est-elle pour Obama ce que l'Irak est à Bush ? « Ma pire erreur », a confessé le président américain dans un entretien à la chaîne Fox News. Mais le constat de faillite a la particularité de prendre les effets pour la cause du chaos qui, faut-il le préciser, relève moins de l'absence d'un « plan B » pour l'après-Kadhafi que de l'intervention militaire en soi qui a favorisé le règne illégitime et illégal des milices sans foi ni loi et, en définitive, la daechisation de la Libye. Le couple David Cameron - Nicholas Sarkozy, en fer de lance de l'expédition destructrice, porte la lourde responsabilité du monumental échec reconnu, en mars par Obama, dans une interview accordé au magazine The Atlantic. Indéniablement, le temps des bombes de l'Otan et des armes des milices est révolu. Il appartient à la dynamique de réconciliation et du dialogue inclusif, unanimement privilégiée par les pays voisins et la communauté internationale, de se frayer le long chemin de la paix favorisé par le retour à Tripoli du gouvernement d'union nationale dirigé par le président du Conseil, Fayez al-Sarraj. Dans la quête de la stabilité, unanimement soutenue par la communauté internationale, le vote de confiance du Parlement de Tobrouk, jusque-là récalcitrant, participe au grand rassemblement de la famille libyenne revendiqué par la déferlante populaire acquise au renouveau démocratique et au pari de la réconciliation devenue incontournable. Une séance est prévue le lundi 18 avril, en présence du chef du gouvernement Faiz al-Sarraj et de ses adjoints. L'accord conclu entre le président du Parlement Aguila Saleh et le vice-président Mohamed Ali Choueb permet de contourner l'écueil des sanctions internationales et remettre sur de les rails la locomotive libyenne. La transition est donc en ordre de marche. Elle se prévaut d'une reconnaissance massive des Libyens et des partenaires étrangers. « Nous sommes fermement engagés à soutenir le nouveau gouvernement et le Conseil de la présidence », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec al-Sarraj. La visite du premier responsable européen à Tripoli brise le glacis de l'indifférence. Elle intervient à la veille de la conférence internationale qui se tient depuis mardi dernier à Tunis sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) et de l'ambassade du Royaume-Uni en Libye avec résidence temporaire à Tunis, en présence de 15 organisations internationales dont la Banque mondiale et l'Union européenne et de 40 pays arabes et occidentaux. Bien au-delà du soutien politique et diplomatique, la nouvelle Libye a besoin d'une « aide concrète » pour répondre aux immenses attentes populaires. Tel est l'enjeu fondamental de Tunis. « Nous sommes conscients du fait que le soutien populaire libyen au gouvernement d'union (...) peut ne pas durer si nous ne réussissons pas, et vite, à répondre aux besoins urgents », a déclaré en ouverture de la conférence le vice-Premier ministre libyen, Moussa al-Kony. Les chantiers portent sur la résorption de la crise du dinar, la mise en œuvre des « services de base » comme l'électricité et la santé, la restauration des infrastructures de base, la lutte contre le chômage endémique... Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2,4 millions de personnes ont besoin d'assistance humanitaire en Libye, sur un total de six millions d'habitants, qui nécessité un financement à hauteur de 50 millions de dollars. L'idée du fonds de stabilité de 40 millions de dollars est avancée pour financer les 140 « projets humanitaires » présentés en octobre 2015, lors de la rencontre de Londres restée cependant lettre morte. L'espoir de paix rythme les exigences incontournables du développement socioéconomique.