Beaucoup de commentaires ces derniers jours sur ce tweet de Manuel Valls, le Premier ministre français, venu, la semaine dernière, avec des ministres de son gouvernement, louer, à Alger, la qualité des relations entre l'Algérie et la France et plaider le sens de l'amitié nécessaire à leur développement. De retour chez lui, d'aucuns attendaient de l'entendre dire comment l'Algérie se donne toujours la peine d'oublier les pages douloureuses du passé, et combien elle compte sur ce partenaire important qu'est la France, même s'il n'est plus le plus important, pour avoir tourné le dos, des années durant, aux souffrances de l'Algérie, préférant miser sur des avenirs incertains. Au lieu de tout cela, Valls, qui a eu droit à tous les honneurs de l'Etat algérien, se fait l'agent d'une fuite de photo diffusée via son compte Twitter, présentant le président Bouteflika sous un angle subjectif défavorable. Son silence sur la question rend un peu plus difficile toute conjecture sur ses véritables motivations. Dans l'hypothèse peu vraisemblable où son message serait à destination de l'opinion algérienne, cela ne pourrait relever que du manque de discernement, tant les Algériens, qui ont élu Bouteflika pour un quatrième mandat, ont fait valoir son engagement pour l'Algérie, sa compétence et son expérience sur son état de santé, qui, au demeurant, n'a jamais été caché. Mais si, comme il est aisé de l'imaginer, son geste se veut un acte de plus pour consolider ses ambitions, de plus en plus manifestes, dans la course à l'Elysée, cela relève d'un geste inamical envers une main qui lui a été tendue. On peut comprendre les difficultés de Manuel Valls à se mouvoir dans l'échiquier de la gauche française, tant il est menacé par la montée du tonitruant ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui vient de lancer son propre mouvement politique pour « brouter » l'herbe sous ses pieds. Les temps lui sont également rendus difficiles par les récurrents recadrages que lui impose François Hollande qui vient de le désavouer sèchement en refermant le débat sur le voile qu'il a tenté de rouvrir. Tout cela ne servira pas à justifier un geste qui relève autant de l'éthique politique que de la morale tout court.