Photo : Fouad S. L'Algérie est en mesure de réaliser une croissance économique à deux chiffres, pour peu qu'elle augmente sa productivité qui reste encore faible. Dans un entretien accordé à l'APS, le secrétaire d'Etat chargé de la statistique, M. Ali Boukrami, a mis en exergue l'importance de la réorientation de l'investissement public vers la production, estimant que la croissance en général est le résultat de trois facteurs-clés que sont l'augmentation du travail, la hausse du capital et la progression de la productivité. «En dépit du nombre important d'emplois créés, la croissance en Algérie est beaucoup plus le résultat de l'augmentation du capital que de la productivité qui reste faible», a-t-il souligné. M. Boukrami a plaidé pour le développement de l'investissement productif. «L'enjeu de l'économie nationale est de revenir à la productivité et à une utilisation rationnelle des moyens de production», a proposé M. Boukrami. Selon cet expert, le financement de l'investissement public a atteint son plafond durant les deux dernières années. Ce qui n'est guère le cas pour l'investissement privé qui reste faible et dépendant dans sa majorité des contrats publics. L'essentiel de l'investissement public, durant les deux dernières années a, selon cet expert, profité plus à l'importation des équipements publics qu'à l'économie réelle productive. S'étalant sur ce programme d'équipement, il estime qu'il a favorisé une Productivité globale des facteurs (PGF) exceptionnelle. Quant à la décision de l'Etat de réduire cet investissement, M. Boukrami a souligné qu'il sera réduit et réorienté vers les secteurs productifs. «Car dans le cas contraire, plus on investit dans ce soutien plus les effets attendus ne seront pas atteints», a-t-il souligné.La priorité du gouvernement sur ce point est de parvenir à une stabilité institutionnelle.Autrement dit, parvenir à produire des textes adéquats en matière de législation économique. Il impute les réticences des investisseurs à des stratégies géopolitiques. Selon M. Boukrami, le PIB de l'Algérie est appelé à augmenter en 2011 à près de 170 milliards de dollars. UNE ENQUÊTE POUR FIABILISER LES REPERTOIRES ECONOMIQUES L'Algérie lancera une série d'enquêtes à partir de cette année afin de fiabiliser et actualiser les données socio-économiques du pays, a annoncé dimanche M. Ali Boukrami, secrétaire d'Etat chargé de la statistique. Le coût total pour la réalisation de ces enquêtes, dont la plupart sera réalisée par l'Office national des statistiques (ONS), s'élèvera à 2,4 milliards de DA, dont plus de 1,13 milliard de DA consacrés au recensement économique. Au-delà du recensement économique, ces opérations concernent les dépenses et la consommation des ménages, le recensement général agricole (RGA), l'enquête annuelle chômage et emploi, et le calcul de l'indice du développement humain.Le recensement économique, déjà entamé en 2010, aidera à actualiser les données sur l'économie algérienne à travers la mise en place de fichiers et de répertoires devant faciliter l'interconnexion des bases de données, et partant permettre aux décideurs d'y adopter les politiques économiques adéquates, selon M. Boukrami. Cette enquête extrêmement importante, d'après M. Boukrami. La première phase, déjà entamée, consiste à dénombrer, à travers un balayage, de 1,6 million d'entités relevant de toutes les activités économiques, à l'exception de l'agriculture, afin de mettre en place un fichier général des entreprises et établissements. Elle sera suivie, fin mars prochain, d'une phase sondage, pour approfondir ces données. L'enquête sur la consommation des ménages, lancée en octobre dernier, s'étalera sur toute l'année 2011, et concernera 12.000 ménages à travers le territoire national et portera sur quelque 800 produits de consommation et services. D'autres enquêtes nationales relatives au RGA et au calcul de l'indice du développement humain (santé, éducation ...) seront conduites par les ministères de l'Agriculture et de la Santé, avec l'assistance technique de l'ONS.