Les Nations unies, par la voix du rapporteur spécial, Dainius Puras, a reconnu dans un rapport établi sur le droit à la santé en Algérie que les autorités ont « maintenu un bon niveau d'investissement dans le secteur de la santé » et ce même dans le contexte actuel de crise financière. Dainius Puras, qui a animé, hier, une conférence de presse au siège de la délégation des Nations unies à Alger, a félicité l'Algérie pour les réalisations accomplies dans le domaine de la santé par le biais « d'un engagement soutenu à la politique de santé publique ». L'expert indépendant, chargé par le conseil des droits de l'homme de l'ONU de superviser la mise en œuvre du droit à la santé, a exhorté les autorités algériennes à s'assurer que les principes de non-discrimination, d'égalité, de participation et de responsabilisation soient la base d'une approche de santé dans toutes les politiques. D'après le rapporteur, le secteur de la santé en Algérie a été développé avec la garantie de l'accès gratuit aux soins. Cependant, relève-t-il, « il existe des défis importants liés à l'accès équitable et de qualité des services et à un accèsv excessif sur les soins hospitaliers au détriment des soins primaires, la promotion de la santé et la prévention ». Le rapporteur a souligné que sa visite en Algérie luk a permis de constater qu'il existe « un engagement » pour assurer et garantir le droit à la santé. Baisse du taux de mortalité maternelle et infantile Il a, par ailleurs, fait savoir qu'il a visité des établissements de santé notamment à Alger, Blida, Sétif, Tipasa et Oran, y compris des unités de dépistage et de suivi dans les écoles primaires, des polycliques, des centres hospitalo-universitaires, des unités psychiatriques et des centres de santé mentale pour enfants. « L'Algérie a accompli des efforts considérables dans l'amélioration de la situation de la santé à travers un engagement soutenu à la politique de santé publique. Les indicateurs relatifs à la santé ont connu des améliorations significatives. L'espérance de vie a considérablement augmenté. Les taux de mortalité maternelle et infantile ont baissé. Le pays s'est également engagé dans d'importantes réformes sociales », souligne-t-il en précisant que les deux prochaines décennies sont importantes pour l'Algérie pour atteindre les objectifs concernant le développement durable à l'horizon 2030 notamment en matière de santé individuelle. L'Algérie n'a pas réalisé cependant les objectifs du millénaire numéro 5 sur la réduction du taux de mortalité maternelle à l'horizon 2015 et a encore un taux de mortalité néonatale « élevé ». Le rapporteur a estimé que les femmes doivent assumer le défi de réaliser pleinement leur droit à la santé notamment en combattant la prévalence de la violence quelle que soit sa forme. Par ailleurs, il a fait remarquer que les services de santé pour les adolescents restent insuffisants et ne répondent pas à leurs besoins. L'expert a félicité également l'Algérie pour avoir mis en place des programmes de lutte contre le VIH/sida et d'assurer l'accès au traitement pour les populations-clés. En ce qui concerne la situation des enfants handicapés et le système de soins de santé mentale, il a constaté des « initiatives louables » en ce sens. Cependant, reconnaît-il, « le secteur de la santé mentale en Algérie reste tributaire des hôpitaux psychiatriques avec un nombre inférieur de services intégrés dans le système de soins de santé communautaire et générale. » Le rapport de Puras n'a pas omis, par ailleurs, d'aborder la situation des migrants et des réfugiés qui, quoique bénéficiant de soins gratuits en Algérie, rencontrent parfois des difficultés à y accéder en raison également de la stigmatisation dont ils font l'objet de la part du personnel soignant. En réponse aux questions des journalistes, Dainius Puras a estimé nécessaire un changement dans ce secteur pour intégrer également le secteur privé tout en rationalisant le système de santé. Il a fait savoir qu'il a abordé avec les autorités algériennes le problème des médecins algériens qui quittent le pays en nombre important surtout vers la France. Cela prouve bien que la situation de ceux qui travaillent dans ce domaine doit être améliorée, dira-t-il en faisant remarquer que cette question tributaire de la ressource financière disponible n'est pas le propre de l'Algérie. Concernant le taux de mortalité maternelle, il indique qu'il faut aborder ce problème dans une perspective plus large en examinant non seulement les décès mais aussi leurs causes. Il ne s'agit pas de remettre en question le système médical mais de mettre l'accent sur les déterminants sociaux, poursuit-il. Il ajoutera que la plupart des hôpitaux qu'il a visités sont « bons, mais peut-être qu'il en existe qui le sont moins ». Selon lui, il ne suffit pas de mener des politiques de santé et de promouvoir le droit à la santé car cela ne passe pas uniquement à travers le système sanitaire. Il faut que tous les secteurs soient impliqués dans un processus de lutte contre « la discrimination ». En somme, le secteur de la santé en Algérie, qui a réalisé des « avancées impressionnantes », devrait rationaliser ses dépenses et adopter une approche participative impliquant l'ensemble des intervenants, a-t-il recommandé. Le rapporteur spécial de l'ONU présentera un rapport complet sur sa visite en Algérie lors de la prochaine session du conseil des droits de l'homme en juin 2017.