Qui était vraiment Massinissa ? Etait-il un simple roi guerrier, comme le décrivent certains historiens ou avait-il aussi l'ambition de faire de la Numidie un territoire prospère et unifié ? Comment était organisé son royaume et où en est-on arrivé aujourd'hui avec les fouilles archéologiques consacrées à l'ancien royaume Numide ? Des chercheurs algériens, français, italiens ou tunisiens tenteront de répondre à toutes ces questions lors du colloque international « la Numidie, Massinissa et l'Histoire », qui s'ouvre aujourd'hui à l'hôtel Marriott. Il est organisé par le CNRPAH et le département colloque et congrès du commissariat de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe ». Une trentaine d'universitaires parleront de cette figure historique. La rencontre de trois jours va restituer un pan de notre histoire et vise à étudier de nouveaux questionnements sur la vie du fondateur du premier Etat algérien. Massinissa n'était pas simplement un guerrier. C'était aussi un roi remarquable et cultivé qui n'hésitait pas à faire venir des musiciens de Grèce. Il parlait plusieurs langues dont le grec et le latin et a envoyé ses enfants étudier en Grèce. Il a également favorisé le développement de l'agriculture et son royaume exportait le blé pour Rome. Le personnage a marqué son époque et les générations suivantes. Il y aura des réflexions remettant en cause de fausses théories sur le rôle et l'œuvre de Massinissa (beaucoup avaient notamment réduit son parcours à sa relation avec sa femme Sophonisbe) ou sur l'épanouissement de son royaume », dira M. Farid Kherbouche membre du comité d'organisation et chercheur au CNRPAH. La première partie du colloque sera consacrée à la préhistoire et la période qui a précédé l'arrivé de Massinissa pour comprendre comment était organisée la vie en Afrique du Nord, dira-t-il . Les conférenciers se pencheront, également, sur la relation entre Rome, Massinissa et Carthage. Jehan Desanges, l'historien du monde romain, latiniste et africaniste, animera une conférence autour du « témoignage de Strabon sur Massinissa ». La « monnaie, aspects numismatiques » est le troisième axe à développer durant le colloque. Des chercheurs tenteront d'examiner l'influence et la fonction du système monétaire de l'époque numide, thème développé par le chercheur français Jacques Alexandropoulos et ensemble de trésors monétaires sera évoqué par l'universitaire algérien Toufik Amrouni. Durant la journée de demain, il sera question de « la sphère culturelle et symbolique » qu'analysera le professeur d'histoire ancienne et d'archéologie de l'Université de Tunis, M'hamed Fantar, qui se penchera sur la politique culturelle de Massinissa. L'archéologue du CNRPAH Hocine Taoutaou fera, quant à lui, une intervention sur le fameux tombeau de Massinissa d'El Khroub. Les deuxième et troisième séances du colloque, « l'époque tardive » et « méthodologie et récentes découvertes archéologiques », seront réservées au domaine des techniques de fouilles archéologiques et des dernières découvertes portant sur la période numide. Deux thèmes de réflexion seront discutés par des chercheurs algériens ou français parmi lesquels Abdelhakim Ouakaour (Université Alger 2) qui présentera une intervention sur les « Apports des nouvelles prospections à la connaissance des sites antiques des confins sud de la Numidie : la région de Negrine ». Kahina Boussaid (Université Paris 1) abordera une « étude archéologique et analytique des cadrans solaires découverts en Numidie ». Enfin, les organisateurs ont prévu une sortie sur les sites archéologiques de Tiddis et du Khroub.