Le colloque international consacré à Massinissa « La Numidie, Massinissa et l'histoire » s'est ouvert samedi dernier à Constantine. Des spécialistes et experts algériens, français, tunisiens et italiens interviendront. Durant le premier jour, les débats ont porté sur la période qui a précédé le règne du premier roi numide, puis l'après-midi les interventions se sont focalisées sur les relations complexes entre Massinissa et ses démêlés avec Carthage et Rome ». A quoi ressemblait ce vaste territoire qu'était l'Afrique du Nord et comment était organisée la vie de ses habitants ? Nadia Bahra, du département archéologie de l'université Mentouri de Constantine, s'est intéressée à la préhistoire dans la région de Constantine, en révélant une partie des sites archéologiques importants découverts et répertoriés à travers la wilaya dont certains, dit-elle, du côté de Aïn El Bey. Selon elle, « situés dans l'actuelle nouvelle ville, ils sont perdus à jamais en raison de l'urbanisation. » Pour sa part, Iddir Smaïl, du CNRPAH, a présenté un exposé concernant les monuments funéraires en Algérie et leur diversité architecturale, en remontant aux origines de leur édification, c'est-à-dire 5000 ans avant Jésus-Christ. Une architecture et des rites particuliers à chaque région ont été constatés surtout dans le sud du pays. « Les fouilles archéologiques ont permis de déceler plusieurs sortes de constructions de tombeaux de « trou de serrure », ou bien encore de « plateformes circulaires », a-t-il expliqué. Et selon lui, certaines traditions remontant de la préhistoire sont restées jusqu'à aujourd'hui en Algérie, car si avec l'islamisation de la région on a constaté un changement des rites, certaines règles et formes architecturales sont restées intactes. Quant à Farid Kherbouche, docteur au CNRPAH, son intervention s'est axée sur l'émergence de la céréaliculture en Afrique du Nord avant le règne de Massinissa. Il a notamment affirmé que ce vaste territoire n'était pas aride, comme l'affirmaient des historiens. Il s'est notamment basé sur les fouilles archéologiques menées notamment par des équipes du CNRPAH, démontrant que cette terre était fertile et que l'agriculture s'est développée bien avant l'apparition de l'Etat numide. Trois exemples le prouvent : les fouilles menées à la grotte de Kaf Taht El Ghar au Maroc, puis en 2010 à la grotte de Gueldaman à Bejaïa, et enfin dans le territoire de Tazbent, dans la wilaya de Tébessa, où un ensemble d'outillages et autres objets servant à l'industrie lithique a été découvert. « Le bâtisseur d'un état » Directeur du CNRPAH et président du département colloques et congrès au commissariat de la manifestation culturelle arabe, Slimane Hachi nous a déclaré : « Cirta était la capitale de Massinissa et nous avons abordé ce sujet du point de vue de l'archéologie, c'est-à-dire que la science considère que les événements et les personnages sont en connexion avec le temps antérieur et postérieur. Nous parlons de l'avant et de l'après-Massinissa. Si nous parlons uniquement de Massinissa, on ne peut pas comprendre ce personnage, il faut étudier Massinissa dans son contexte culturel, historique, géographique et économique. De son temps, il y avait une sédentarisation importante, une économie des céréales, un commerce transméditerranéen, notamment avec les îles grecques, et l'invention d'un système administratif. C'était un royaume immense qui s'étendait de la Cyrénaïque jusqu'au Maroc oriental actuel, ce qui correspond au Maghreb. Massinissa était un bâtisseur d'Etat doté de tous les attributs, notamment une administration, des cités, une armée, un commerce, une monnaie. Nous rendons hommage à ce souverain, mort à 80 ans dans son lit — ce qui est rare à cette époque —, qui était extrêmement respecté. » Un long règne Cirta, actuelle Constantine, fut la capitale du royaume Massyle avec à sa tête Massinissa. Son règne fut le plus long dans l'histoire du Maghreb, ont rappelé les présents, soulignant que le fils du roi Gaïa, qui est parvenu à changer le cours de l'Histoire quand deux nations (Rome et Carthage) se disputèrent la maîtrise du monde, était à la tête d'un vaste territoire. De la Cirta numide, il ne reste que très peu de traces, à l'exception d'un important lot d'inscriptions en langue punique découvertes à El Hofra (Constantine) et conservées au Musée national de Cirta, qui ont permis de mieux connaître la vie de la société numide sous le règne de Massinissa puis sous celui de son fils Micipsa, a-t-on communiqué au cours de cette première journée.