La Palme d'Or du Festival de Cannes a été décernée, dimanche dernier, pour la deuxième fois de sa carrière à Ken Loach pour « Moi, Daniel Blake », nouveau réquisitoire contre les injustices sociales du cinéaste britannique, qui en a profité pour dénoncer les « idées néo-libérales ». « Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse », a déclaré le réalisateur, 80 ans en juin prochain, en recevant son prix, fustigeant « un projet d'austérité qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales, qui risquent de nous amener à la catastrophe ». « Ces pratiques néo-libérales ont entraîné dans la misère des millions de personnes », a-t-il accusé, disant « espérer » que se maintienne « un cinéma de protestation », dont il est l'un des représentants. Son film « Moi, Daniel Blake » suit le parcours kafkaïen d'un chômeur de 59 ans contraint de demander l'aide sociale. Six fois primé à Cannes, où il avait reçu la Palme d'Or en 2006 pour « Le Vent se lève », Ken Loach rejoint le club fermé des réalisateurs ayant reçu deux fois cette récompense, aux côtés des frères Dardenne, d'Emir Kusturica ou de Michael Haneke. « Le film était absolument excellent. Les films résonnent dans votre âme, votre cœur, peu importe l'endroit où vous êtes », a justifié le président du jury, l'Australien George Miller, lors d'une conférence de presse. Le Grand Prix a été remis au cinéaste canadien de 27 ans, Xavier Dolan, pour « Juste la fin du monde », huis clos familial survolté avec un casting haut de gamme, de Gaspard Ulliel à Vincent Cassel en passant par Marion Cotillard, Léa Seydoux et Nathalie Baye. « Tout ce qu'on fait dans la vie, on le fait pour être aimé, pour être accepté », a déclaré en larmes le réalisateur, dont le film a divisé la presse.