La fin du festival approche. Parmi les films montrés ces derniers jours, on retrouve Juste la fin du monde, du Canadien Xavier Dolan, La Fille inconnue, des Belges frères Dardenne, et Tour de France, du Franco-Algérien Rachid Djaïdani. Alors que les deux premiers, en course pour la Palme d'or, ont laissé les festivaliers sur leur faim, le dernier, au programme de la "Quinzaine des réalisateurs", a suscité l'admiration. Le réalisateur de Mommy, récompensé par le Prix du Jury en 2014, a répandu un peu de déception sur la Croisette. Le jeune prodige canadien a laissé les journalistes dans le silence à la fin de la projection de son film. Pourtant, il figure parmi les films les plus attendus. Quelques heures avant le début de la projection, une queue impressionnante s'est formée devant la salle. Aucun journaliste ne veut rater ce rendez-vous. Certains sont repartis bredouille. Les chanceux sont restés jusqu'à la fin malgré les dialogues fleuves et les lenteurs. À la fin du film, seuls quelques applaudissements de politesse ont été entendus. Pourtant, cette adaptation de la pièce éponyme de l'auteur français Jean-Luc Lagarce, qui raconte le retour d'un homme, après 12 ans d'absence, pour annoncer à sa famille sa mort imminente, est soutenu par un casting de rêve : Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Vincent Cassel et Nathalie Baye. De leur côté, les frères Dardenne n'ont pas non plus fait grande sensation. C'est toujours la même chose. Il y a absence de la surprise que recherchent les festivaliers. Après tout, nous sommes dans le plus grand festival du monde. Et le principal reproche que l'on adresse aux Belges, c'est le manque d'émotion. Contrairement aux deux premiers, Rachid Djaïdani a récolté de l'admiration auprès des adeptes de la "Quinzaine des réalisateurs". Déjà en 2012, il fit sensation avec Rengaine, tourné presque artisanalement. Cette année, il revient avec un road-movie avec le jeune rappeur Sadek qui donne la réplique au grand Gérard Depardieu. Au menu peinture du XVIIIe siècle, les villes portuaires françaises, les jeunes des banlieues et le rap. Une chose est sûre, après son premier film tourné à l'arraché, avec ce nouveau succès, Djaïdani a fait la démonstration qu'il peut faire un bon film et diriger sans complexe de grands acteurs quand les moyens sont mis à sa disposition. Quant à la course à la Palme d'Or, les pronostics vont bon train. Et à ce stade, même si le vent souffle en faveur de Jim Jarmusch, il est très difficile de trancher et de dire qui va repartir avec la prestigieuse Palme. T. H.