Ebranlés par les concessions faites à Israël sur certains dossiers cruciaux comme El Qods-Est et le sort des réfugiés, sans aucune contrepartie, selon les révélations de la chaine Al Jazira et la débâcle de Hosni Moubarak et Omar Suleiman, auxquels sont liés Mahmoud Abbas et Salam Fayyad, son Premier ministre, prennent les devants. Pour donner une teinture plus démocratique à leur pouvoir, ils poussent Saëb Erekat, l'homme qui a fait partie de toutes les équipes de négociateurs avec Israël depuis 1991, à l'exception de celle qui discuta secrètement les accords d'Oslo en 1993 à démissionner pour «assumer sa responsabilité pour le vol de documents dans son bureau» et …annoncent des élections communales le 9 juillet prochain et des législatives et présidentielle d'ici septembre. Trois scrutins que Hamas, au pouvoir à Ghaza depuis janvier 2006, rejette. «Nous n'accorderons aucune légitimité à ces élections, pas plus que nous n'en reconnaîtrons les résultats» prévient Fawzi Barhoum. Le mouvement islamiste qui «vit» la chute des deux Egyptiens comme une victoire des Frères musulmans, dont il constitue la branche palestinienne, dénie toute légitimité à l'Autorité palestinienne. Normal. Le mandat d'Abbas, qui conduit l'OLP depuis 2004, a expiré en janvier 2009. « Abbas et Fayyad n'ont pas la légitimité requise pour organiser un vote», explique Hamas, brandissant cette menace : si l'Autorité prend cette mesure, elle pourrait subir le même sort que la Tunisie ou l'Egypte. Malgré cette fin de non-recevoir, Ramallah refuse de lâcher prise. «Nous ne pouvons pas attendre que tous les désaccords et différends soient aplanis», affirme Yasser Abed Rabbo, un proche conseiller d'Abbas, appelant « l'ensemble des factions palestiniennes à mettre de côté leurs réserves». Azam Al Ahmad, son compagnon à Fatah, presse le parti au pouvoir à Ghaza de « reprendre le dialogue». Abbas qui a annoncé fin 2009 qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession, ira-t-il jusqu'au bout du processus qu'il a annoncé ? Y compris à la tenue d'une élection dans la seule Cisjordanie, curieusement à la même période que celle prévue par Salam Fayyad pour poser les fondations du futur Etat Palestinien.