Hillary Clinton, secrétaire d'Etat, donnera aujourd'hui à Washington, le coup d'envoi des premières discussions directes entre Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien qui n'a aucune intention de « donner » un Etat aux Palestiniens, et Mahmoud Abbas, le président qui n'a d'« Autorité » que sur la Cisjordanie depuis la prise de pouvoir à Gaza de Hamas. Barack Obama qui promet « un accord de paix globale » entre Israéliens et Palestiniens « d'ici un an » et une « présence active et soutenue » de son administration à ce dialogue, a invité à ce cérémonial, Tony Blair, le représentant du Quartette pour le Moyen-Orient, l'Egyptien Hosni Moubarak et le Jordanien le Roi Abdallah, les dirigeants des pays arabes qui ont signé un traité de paix avec Israël. L'objectif de ces négociations est d'aboutir à un accord-cadre qui mettra un terme à ce conflit palestino-israélien qui dure depuis 1948. Sur quelles bases ? Etablissement d'un Etat palestinien indépendant et viable dans les frontières de juin 1967, y compris El Qod-Est, le règlement de la question des réfugiés palestiniens suivant les résolutions des Nations unies, le démantèlement des colonies juives en Cisjordanie. En contrepartie, Israël obtient des garanties pour sa sécurité et normalise ses rapports avec les pays arabes. Pour la plupart des experts, les temps ne sont pas à l'optimisme après les échecs successifs des négociations depuis les accords d'Oslo en 1993 et l'interruption des discussions en 2008. La raison ? Ils avancent l'écart considérable sur les questions clés, comme les frontières du futur Etat palestinien, le droit au retour des réfugiés et le sort d'El Qods. Autres problèmes : Israël exige du prochain Etat palestinien qu'il soit démilitarisé, reconnaisse le caractère juif de l'Etat d'Israël et accepte que le règlement de la question des réfugiés palestiniens se fasse en dehors des frontières de l'Etat hébreu. Seule concession annoncée : la partition d'El Qods. Netanyahu serait prêt à céder les quartiers arabes dans lesquels vivent près d'un quart de million de Palestiniens et proposer un « régime spécial » pour administrer les lieux saints. En attendant le premier test de ces retrouvailles qui se jouera le 26 septembre prochain, date de l'expiration du moratoire - les Palestiniens qui ont repris les négociations, sans condition préalable, menacent de quitter la table des négociations si les Israéliens reprennent la construction des colonies en Cisjordanie et à El Qods-Est et les alliés de Netanyahou au gouvernement lui ont fait savoir qu'ils ne céderaient pas sur cette question -, les deux parties doivent gérer l'assassinat de quatre colons près d'Hébron, en Cisjordanie. Revendiquée par les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, cette attaque est la plus meurtrière depuis quatre ans. Contrairement à son homologue palestinien Salam Fayyad qui a, pour calmer le jeu, condamné cet attentat « contraire aux intérêts palestiniens » et ordonné l'arrestation d'au moins 150 membres du mouvement islamiste, Netanyahu, en bon opportuniste, s'est saisi de cette attaque pour « ordonner aux forces de sécurité de poursuivre les assaillants sans aucune restriction diplomatique » et a affirmé qu'il ne fera « aucun compromis » sur la sécurité. La droite israélienne qui ne veut pas de dialogue avec les Palestiniens exhorte Netanyahu à quitter Washington. Nouveau cycle de violences en perspective ? Des deux côtés, le désir de mettre le feu aux poudres ne manque pas. Notamment du côté palestinien où les jeunes, sans travail, sans espoir, n'ont rien à perdre. «Je suis inquiète que cette décision d'aller à Washington ait été prise à contre-courant de l'opinion publique palestinienne », affirme Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine. Comme plusieurs autres leaders de l'OLP, elle n'a pas participé à la réunion qui a approuvé l'invitation pour une reprise des négociations directes. « Nous devrions être prêts à utiliser au moins l'intifada », estime l'ex-député Hossam Khader. Curieusement, même la Ligue arabe qui n'a pas retiré encore son initiative de paix lancée en 2002 à Beyrouth, ne croit pas trop en ces négociations directes.