La formation algéro-cubaine « Argel de La Havana » (Alger de La Havane) est née à l'occasion d'un voyage collectif informel organisé en juin de l'an dernier. « Je suis parti à Cuba durant une quinzaine de jours avec un collectif de photographes, vidéastes, écrivains, peintres. J'étais le seul musicien. Plein de vidéastes ont accompagné ce projet ». « Une exposition au musée du Bardo était le couronnement de ce travail », a-t-il ajouté. Il s'agissait d'approcher, avec une vision maghrébine, la tradition musicale afro-cubaine qui est un peu l'équivalent du gnawi. Le choix dans le répertoire afro-cubain s'est porté sur un genre, le congo. « On a choisi quelques pièces de ce répertoire qu'on a algérianisées », confie Amazigh Kateb. « On a revisité celui-ci avec une autre grille de lecture musicale et cela donne un résultat assez surprenant avec plein de morceaux où on sent cette rencontre algéro-cubaine », dit-il. Pour lui, « c'est une continuité, une sorte de colonne vertébrale identitaire qui se dégage à la fois du gnawi-congo. » « Cuba est un pays lointain, mais nous avons des liens historiques importants et vitaux pour l'Algérie d'aujourd'hui. Cuba a été à nos côtés durant et après l'époque coloniale. Cuba a envoyé surtout des médecins... Ce passé me renvoie à une Algérie que j'aime », souligne-t-il. « Ce n'est pas une musique qui s'enregistre en studio ou piste par piste. L'idéal est de l'enregistrer à l'ancienne au courant de l'année. Ce projet s'inscrit dans le registre africain, puisqu'on est dans la rencontre de deux Afriques quasi-virtuelles. J'ai, depuis 25 ans, travaillé sur l'africanité du Maghreb, de l'Algérie. Je pense que c'est le vrai socle. Le vrai problème de notre génération est identitaire et la musique est un moyen de transgresser les barrières identitaires. » Amazigh Kateb dévoile le nom des artistes et les instruments utilisés durant cette formation. « Il y a pratiquement toutes les percussions cubaines, congas, tchékéré, claves. Nous avons mêlé les kerkabous, gumbri, mandole, aoud, banjo, derbouka et autres instruments du Maghreb », fait-il remarquer. « Le son obtenu ne ressemble pas aux couleurs gringos. Nous allons présenter une musique qui aborde essentiellement le style congo, chanté dans des langues africaines comme le yorouba. Quant aux noms des artistes étrangers, on notera la participation du maître bambou, Xavier Compos Martinez, Ramos Rodriguez, Pedro Varios ou Jeremy Nacif. On retrouve aussi les Algériens P'tit Moh, Amar Chawi, Rabah Hamrane et Dj Boulaouane. Amazigh Kateb envisage aussi de faire de ce projet un livre. Enfin, avec son groupe Gnawa Diffusion, il animera deux concerts les 27 et 28 juin, à la khaïma Wellsound. Enfin, l'artiste lance un appel aux responsables du ministère de la Culture afin de diffuser ses projets artistiques. Il suggère l'organisation d'une tournée à l'intérieur du pays pour, dit-il, « désenclaver l'action culturelle ».