Evénement n Du fait du deuil national en témoignage au décès de Hocine Ait Ahmed, le vernissage de l'exposition qui devait se tenir samedi dernier (le 26 décembre) n'a pu se dérouler selon le rituel artistique. Cependant, on peut aller la voir actuellement à Dar Abdellatif, seulement privée d'une partie de ses œuvres. Elle ne sera visible dans son intégralité qu'à partir de samedi prochain. «Tropique du Cancer» est un partage culturel et artistique entre Cuba et l'Algérie, un échange fructueux où l'art s'impose comme création féconde n'ayant cure ni de la distance ni de l'éloignement. A noter cependant que La désignation de l'expo se rapporte à l'un des cinq parallèles mentionnés sur les cartes géographiques situant l'Algérie et Cuba sur la même latitude, un arc imaginaire, certes, mais hautement symbolique, étant donné que les deux pays se sont rapprochés alors que leurs révolutions menées contre l'absolutisme occidental ont marqué l'histoire du 20e siècle. C'est dire que cette expérience culturelle s'inscrit dans la continuité de l'amitié algéro-cubaine en concrétisant une résidence d'artistes issus de part et d'autre des océans. C'est au photographe Karim Abdeslam que l'on doit l'organisation de cette entreprise artistique qui a conduit au mois de juin, entre autres, Samir Abchiche, Halim Zenati, Souad Douibi, Lola Khalfa, Tilleli Rahmoun, Djawdat Gassouma, Karim Tidafi, et Amazigh Kateb vers l'Ile de Cuba. Durant une dizaine de jours, les plasticiens, photographes et vidéastes ont pu immerger dans l'ambiance si particulière des villes comme La Havane et Trinidad. Dix jours où ils ont glané parfums et senteurs, musique et sons. Où ils ont mémorisé regards et sourires, visages et expressions. Sans oublier les paysages et la vie nocturne comme nulle ne part ailleurs. Autant de sensations physiques et d'images mentales qui ont pris vie par la palette, en création musicale et en écrits. Puis ce fut Rancano Vieites Ernesto Mateo,Barbara Coello et Edouardo Miguel Abella Torras, de venir à Alger pour s'immerger à leur tour dans l'espace méditerranéen et maghrébin, toujours dans le cadre de la résidence de création. Leur séjour leur a inspiré une suite de tableaux représentant diverses facettes de la cité algéroise. Coté art plastique et regard cubain, Eduardo Miguel Abela Torras a été inspiré par une fresque murale sur laquelle il a inclus ce qu'il l'a emporté dans Alger. Pour plus de gémellité avec El Bahdja, il a glissé des références culturelles cubaines côtoyant l'Emir, une femme voilée, un homme barbu et notre édifice Ryad El Feth. Quant à Ernesto Vieites, son installation baptisée «L'ombre de l'air», se révèle comme un poème dédié au corps féminin rêvé, idéalisé. Une paire de chaussures à talons, de couleur rouge, un corps de femme, une robe mouvante, des cheveux ondoyants et le vent leur insufflant vie, alors que l'écran se distille pour laisser place à la poésie de la création. Notons que le Teaser «Tropique du Cancer» est visible sur Youtube, une vidéo offrant un aperçu du projet de cette exposition algéro-cubaine d'arts visuels. Leila N. l Chaque groupe d'artistes a matérialisé dans l'art son impression, résultante du voyage à Cuba pour les uns et à Alger pour les autres. S'agissant des artistes algériens, Karim Tidafi a arpenté les rues cubaines la nuit pour saisir sur le vif le spectacle particulier nocturne. Son objectif et son œil scrutateur ont saisi le mouvement et la parole des corps jusqu'à les rendre palpables à travers l'image. Pour Samir Abchiche, le séjour à Cuba a été un voyage particulier pour la découverte d'une culture autre, d'une population méconnue par les Algériens et surtout pour l'abondance des lumières et couleurs propres à l'île des mers des Caraïbes. Lui, malgré l'illumination naturelle du jour, a rapporté des portraits de femmes et d'hommes empreints de lassitude et de sagesse à la fois. Souad Douibi, quant à elle, est revenue avec un triptyque pictural reproduisant son inséparable poupée où le surréalisme d'un visage baigne dans les signes de l'alphabet arabe. Lola Besma Khalfa ne s'est pas départie du procédé artistique de rapprochement des images, les unes chevauchant les autres. Multiples juxtapositions mouvantes et comme fugitives avec force couleurs puissantes de débordement de vie. L. N.