L'informel semble avoir encore de beaux jours devant lui. A chaque mois de Ramadhan, c'est la même ambiance, le même décor. Les rues, les ruelles, les trottoirs sont squattés par de jeunes saisonniers. C'est la vente de produits alimentaires périssables qui constitue l'activité la plus prisée par ces commerçants improvisés. Malgré le renforcement du dispositif de contrôle du ministère du Commerce, la situation reste en l'état. Les métiers du Ramadhan refont leur apparition comme par enchantement. De nos jours, ce ne sont plus les jeunes sans formation ou au chômage qui investissent cette activité. Même les bacheliers, les universitaires et parfois les fonctionnaires qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts se transforment en commerçants et se lancent dans la vente de produits sans respecter les normes élémentaires d'hygiène et de conservation. Bourek, pain en tous genres, thon en conserve, produits laitiers et autres sont étalés sur des tables de fortune à la rue de la Lyre, au marché de Bab El Oued et autres artères. Même le kalbelouz et la zlabia et autres gâteaux traditionnels sont exposés à l'air libre par ce temps caniculaire. Avec l'arrivée du Ramadhan, les petits métiers fleurissent un peu partout. Certains vendeurs sont soutien de famille. Parfois ce sont les mères, généralement des femmes au foyer, qui leur préparent leurs produits (dioul, matloue, bradj, makrout et pois chiches trempés la veille). Enveloppés dans un grand sac en plastique ou dans un couffin, ces produits sont vendus dans les marchés ou proposés à des boulangeries, des restaurants. Le pécule servira à renflouer le maigre salaire du père de famille. Il faut dire que les prix sont nettement inférieurs à ceux pratiqués dans les supérettes. D'où l'affluence des consommateurs chez ces vendeurs occasionnels. Cette année, ce commerce s'annonce plus fatigant à cause de la chaleur. Ils sont unanimes à dire que « c'est une raison de redoubler d'efforts parce que c'est le mois de la baraka » (un mois béni). Mieux encore. Après l'iftar, certains de ces vendeurs se transforment en gardiens de parkings sauvages dans certains quartiers de la capitale, notamment devant les mosquées. Ils essayent de gagner de quoi faire face aux multiples achats indispensables à la préparation de la maida (table) du mois de Ramadhan. Jeunes ou âgés, ces vendeurs occasionnels n'hésitent pas à s'adonner à de petits boulots pour peu que ceux-ci soient décents et qu'ils leur permettent de gagner honnêtement leur vie.