Le mois de Ramadhan est une période propice à la prolifération de ce genre de commerce illégal. En Algérie, pays de tous les paradoxes, le marché informel est devenu une culture qui s'est enracinée dans la vie quotidienne des citoyens. Le pire c'est que cette activité s'est investie dans la vente de produits très sensibles, touchant directement à notre santé, à savoir les produits alimentaires. De plus, le mois de Ramadhan n'est pas là pour arranger les choses. Bien au contraire, des nouveaux métiers font leur apparition durant cette période. En effet, bon nombre de citoyens se transforment en vendeurs du «Ramadhan». Comme chaque année, les trottoirs de la capitale sont envahis par des centaines de «nouveaux métiers». Ces emplois du Ramadhan concernent, pour la plupart, la nourriture. Ils sont exercés par des jeunes sans aucune formation dans le domaine et qui ne respectent pas les normes élémentaires d'hygiène. Inconscients du danger qu'ils font courir à leurs clients, ces jeunes, par contre, ne manquent pas d'ingéniosité. Chaque année, ils inventent un nouveau métier pour se distinguer de la concurrence. Vendeurs de bourek et poisson cuit, chorba, pains en tous genres...sont proposés sur les trottoirs de la capitale. Toutefois, les stars de ce mois ne sont autres que les kalbelouze, zlabia et tous genres de gâteaux qu'aiment bien consommer les Algériens après le f'tour. Toutes les artères de la capitale regorgent d'ailleurs, de vendeurs occasionnels de «zlabia et kalbellouze», des confiseries proposées avec un supplément de «mouche ou d'abeille». Et quand ils ne sont pas vendus sur les étals clandestins qui squattent les artères de la ville, ce sont les épiciers, les fast-foods, marchands de légumes...qui se mettent de la partie. Ils se transforment, le temps d'un Ramadhan, en confiseurs. Le plus grave, c'est que des gérants de taxiphone, vulcanisateurs, cordonniers...enfin, tous ceux qui disposent d'un local surfent sur la vague zlabia et kalbellouze. Là aussi, les conditions d'hygiène sont inexistantes. Mais ce qui est le plus dangereux pour la santé publique, ce sont tous des produits dits «périssables» qui sont vendus sur la voie publique. La «cherbet», une boisson très sensible et qui devrait être pasteurisée, en est le parfait exemple. Elle est préparée dans des bidons à l'hygiène douteuse, en plus d'être exposée toute la journée sous un soleil de plomb. Cette boisson traditionnelle est vendue dans des sachets de congélation. La chaîne du froid n'est absolument pas respectée. Dans l'axe Rouiba - Bordj El Bahri -Aïn Taya, de nouveaux modes de consommation sont apparus, venus tout droit des gorges de Palestro, où des restaurants clandestins proposent des lapins, poulets, cailles... à «déguster» sur place. Dans ces baraques, le client choisit «le gibier» à consommer, lequel est aussitôt égorgé et préparé sur place: «Du producteur au consommateur.» Il y a aussi des jeunes qui proposent des boureks prêts à être consommés. Ces boureks farcis à la viande hachée ou au poisson (qui sont des produits très sensibles), sont préparés et vendus sur la chaussée sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Après le f´tour, changement de décor. Ces mêmes marchands se transforment en vendeurs de glaces ou en chouwaï (rôtisseurs). Ils occupent les trottoirs et proposent des brochettes de viande et des glaces d'origine suspecte et sans la moindre traçabilité. Ces produits qui sont très prisés par les Algériens durant cette période sont, le moins que l'on puisse dire, à très haut risque d'intoxication qui peuvent conduire directement au cimetière. Les citoyens creusent donc leurs propres tombes en achetant des aliments dans ce genre d'endroits où l'hygiène n'est nullement respectée. Ce sont eux qui, avec ce comportement, encouragent la prolifération de cette pratique illégale. Mais pourquoi autant d'inconscience? «Les prix!» répondent la plupart des citoyens. Ils expliquent qu'«ils sont plus abordables sur les trottoirs, et avec nos salaires de misère, c'est tout ce qu'ont peut se payer». La réponse d'un père de famille, employé à l'APC de Bachdjerah, résume à elle seule la situation. «Vous voulez que je ne mange pas? C'est tout ce que mes moyens me permettent. «Elli mayaqtèlche isamane» (Ce qui ne tue pas, fait grossir), donc je prends le risque». Malgré cela, comment peut-on jouer de la sorte avec notre santé et celle de nos enfants? Et le rôle des autorités dans tout cela? Que fait le ministère du Commerce, lui qui est censé protéger son pays et sa population? Car, non seulement ces commerces informels menacent la santé publique, mais en plus, ils nuisent gravement à l'économie du pays. Chaque année, c'est pareil et cela sans que personne ne réagisse. A tel point que les gens s'interrogent sur le rôle de ce ministère qui semble devenu celui de l'informel! Le retour de la zlabia, du kalbellouz et de la Cherbet, tous «atomiques», accompagnés de la chaleur du mois d'août ne laisse rien présager de bon! Le danger guette les consommateurs à chaque coin de rue...