L'événement marquant de cette fête du chaâbi s'illustre par la rencontre historique entre les vétérans de cet art populaire et les jeunes générations de chanteurs. La forte émotion est venue en effet de la montée pour un instant sur scène de ces représentants anciens de cet art populaire. Accompagnés de la ministre de la Culture, les trois vétérans que compte actuellement la chanson chaâbi, Boudjemaâ El Ankis, El Hadj Hassen Saïd, Amar Laâchab ont interprété à tour de rôle, un passage de leur répertoire de légende. La moyenne d'âge de ces vétérans avoisine les quatre-vingt ans. Pour les inconditionnels de Boudjemaâ El Ankis qui n'a pas chanté depuis plus d'une décennie, ce fut l'euphorie. Le public lui, dans son ensemble, qui a repris en chœur les refrains, a été sous l'effet d'un enthousiasme général. Auparavant, le commissaire de ce festival, Abdelkader Bendamèche a dressé le parcours riche et dense de Hadj Hassen Saïd et de Amar Laâchab. Un hommage posthume a été rendu à Hadj Mrizek, représenté par des membres de sa famille. La jeune génération de chanteurs chaâbi a surpris par son engagement sincère de donner le meilleur d'elle-même pour faire fleurir cet élément distinctif de notre patrimoine musical. Ces chanteurs viennent de toutes les régions du pays, ce qui a fait dire à la ministre de la Culture que le chaâbi n'a pas une vocation locale mais bien nationale. La preuve, c'est que sur plus de trois cents candidats qui se sont présentés pour cette quatrième édition de ce festival, seuls trente ont été retenus pour participer au concours. L'envergure de ce festival a dépassé son caractère national pour devenir internationale. Un des lauréats de ce festival vient en effet de Paris. Il s'agit de Réda Bouriah, classé parmi les premiers et qui fait part de l'engouement pour le chaâbi d'un public dont la sensibilité est différente de notre culture. Ce festival a révélé aussi que le chaâbi n'est pas seulement l'apanage des hommes. Parmi les lauréats, figure une belle voix féminine, celle de Hind Abdellali de Mostaganem. Ayant effectué sa formation musicale au sein de l'association Fen wa El Adab, cette jeune et séduisante représentante de cet art musical, âme de nos populations, a obtenu le prix Fadéla Dziria de ce festival et cela grâce à sa brillante interprétation d'un genre difficile du chaâbi, le chant religieux. Cette agréable présence féminine dans le chaâbi se retrouve dans l'accompagnement musical. Des ovations appuyées du public ont récompensé le jeu subtil de la jeune et non moins séduisante Zakia Bensalah, également de Mostaganem. Ses doigts de fée parcourent avec grâce et élégance les cordes du Qanoun, un instrument qui demande une rare dextérité. Le premier prix de cette quatrième édition revient à un chanteur d'Alger, Zoheir Aït Kaci, médecin de profession. Il est suivi du jeune Mohamed Khoulali de Tizi Ouzou. Le baisser de rideau vient tout juste à peine de tomber sur le 4e festival de la chanson chaâbi qu'est annoncée la date de la cinquième édition. Programmée toujours durant le mois de Ramadhan, elle aura lieu du mercredi 26 août au 2 septembre 2010.