L'Algérie souveraine a vécu, mardi dernier, au rythme des festivités du 54e anniversaire de l'indépendance. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est recueilli le matin au carré des martyrs du cimetière d'El Alia (Alger) à la mémoire des martyrs de la Révolution du 1er Novembre. Pour marquer cette date historique, le siège du commandement des forces terrestres a été baptisé du nom du chahid Didouche Mourad, lors d'une cérémonie présidée par le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). En compagnie du général-major Ahcène Tafer, commandant les forces terrestres, le général de corps d'armée a procédé à la levée du voile sur la plaque inaugurale, avant d'honorer la famille du chahid, le colonel Didouche Mourad. Par ailleurs, plusieurs projets culturels et sportifs ont été inaugurés à Alger pour abriter les festivités officielles de ce double anniversaire de l'indépendance et de la jeunesse et renforcer les infrastructures culturelles et sportives existantes au niveau de la wilaya. Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, a inauguré, à l'occasion, la galerie Mohamed-Racim au niveau de l'avenue Pasteur, dans la commune d'Alger-Centre, après une opération de restauration pour la transformer en espace culturel pour abriter les différentes expositions d'arts plastiques et autres manifestations artistiques. Sillonnant la galerie Mohamed-Racim où l'exposition durera jusqu'au 20 juillet prochain, il a souligné l'importance de restituer ces témoignages historiques car étant une partie de la mémoire qui doit être transmise de génération en génération. Dans la même commune, Zoukh a procédé à l'inauguration d'un stade réaménagé à Aïn Zaboudja, baptisé du nom du chahid Mustapha Zitouni, du jardin Tifariti, à Télémly qui s'étend sur une surface de 30 ha. Le président de l'Assemblée populaire de la commune d'Alger-Centre, Hakim Betache, a déclaré que le budget du stade conçu selon des critères techniques sophistiqués est de 47 millions de dinars et 73,5 millions de dinars pour le jardin de Télémly. La délégation s'était rendue en premier lieu à la place de la Résistance Tafourah où le drapeau national a été hissé, l'hymne national entonné et une gerbe de fleurs déposée à la mémoire des chouhada. L'école, un rôle important dans l'enseignement de l'histoire Dans le même contexte, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebria, a affirmé, à Aïn Témouchent que l'Ecole joue un rôle important dans l'enseignement de l'histoire de la guerre de Libération nationale et l'inculcation de l'esprit nationaliste chez l'élève. La ministre a mis l'accent sur l'importance du rôle dévolu à l'Ecole dans ce domaine, ajoutant que la célébration du recouvrement de la souveraineté nationale constitue une occasion idoine pour rappeler aux générations post-indépendance la reconnaissance due aux glorieux martyrs qui ont sacrifié leurs vies pour que vive l'Algérie souveraine et indépendante. Le camp Paul-Kazal d'Aïn Ouessara, situé à une centaine de kilomètres au nord de Djelfa, considéré parmi les témoins vivants de l'atrocité des tortures exercées par le colon français sur les Algériens durant la guerre de Libération nationale, a été choisi par les autorités de la wilaya de Djelfa pour la commémoration de la double fête nationale de l'indépendance et de la jeunesse. Une stèle commémorative de l'histoire douloureuse de ce site a été inaugurée à l'occasion par le wali de Djelfa, Abdelkader Djelaoui, en présence des autorités locales civiles et militaires et des membres de la famille révolutionnaire. Dans le même esprit commémoratif, les membres du club oranais des collectionneurs de vieilles voitures ont célébré, mardi dernier, à leur manière, la fête de l'indépendance en organisant un cortège d'une vingtaine de véhicules de collection qui a sillonné les rues d'Oran. C'est un défilé original. Un musée en plein air de vieilles voitures datant des années 1960 pour la plupart, au plus grand bonheur des passants qui n'ont pas hésité à prendre des photos souvenirs et discuter avec les conducteurs. Des moudjahidine et des historiens s'expriment Des moudjahidine et des historiens se sont exprimés aussi à l'occasion sur cette date symbolisant le recouvrement de notre indépendance après de longues années de colonialisme ravageur. Le moudjahid Youcef Belkacemi a estimé, à Tizi Ouzou, que le 5 juillet 1962 a marqué le recouvrement de la personnalité et de l'identité du peuple algérien. « Avant 1962, l'Algérien n'avait même pas de nom, tous les hommes étaient désignés par Mohamed ou Moutchou et toutes les femmes étaient appelées Fatma par les colons qui nous considéraient comme des esclaves bons à tout faire », a témoigné ce moudjahid de 81 ans originaire des Ouacifs. Avec beaucoup d'émotion, l'octogénaire, qui a pris les armes au déclenchement de la guerre de libération, se rappelle des défilés et des manifestations grandioses qui ont eu lieu le 5 juillet 1962 à travers toute l'Algérie. Les chercheurs en histoire Hassan Remaoun et Mohamed Lahcen Zeghidi ont appelé, pour leur part, « à continuer à faire pression » sur la France pour reconnaître ses « crimes contre l'humanité » perpétrés durant sa présence en Algérie et pour avancer dans les dossiers encore en suspens entre les deux parties. Ils ont également souligné l'importance de la restitution des archives de l'Algérie pour l'écriture de l'histoire et la sauvegarde de la mémoire collective du peuple algérien. Interrogé sur le travail des commissions mixtes mises en place entre les deux pays et inhérentes aux dossiers des archives, des disparus et des indemnisations des victimes des essais nucléaires, l'universitaire et chercheur en histoire au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran, Remaoun, estime que celui-ci permettra de « déblayer le terrain », en même temps, cependant, qu'il fera « gagner du temps ». « L'Algérie se doit également de tout faire pour récupérer les 32 crânes exposés dans un musée en France pour leur offrir la sépulture et l'honneur auxquels ils ont droit », insiste-t-il, par ailleurs, encourageant les actions menées dans ce sens par la société civile, aussi bien en Algérie qu'en France.