« Si le massacre de la pêche anarchique continue, il n'y aura plus de poissons sur les côtes algériennes d'ici 40 ans. D'ailleurs, le poisson est en voie d'extinction en Algérie », a affirmé, hier, à Alger, le président de la commission nationale des marins pêcheurs Hocine Bellout, lors d'une conférence de presse. Il a dressé un tableau noir de la situation du secteur tout en tirant la sonnette d'alarme sur les méthodes utilisées dans la pêche. Selon lui, la production ne cesse de diminuer et la grande partie de celle-ci est exportée vers les pays européens telle la crevette. « La production annuelle est passée de 320.000 tonnes à 72.000 tonnes », a-t-il précisé. Et pour cause : les pêcheurs ne respectent pas la période de repos biologique qui s'étale de mai à fin août, ceci en plus de la pêche à la dynamite, l'utilisation de filets interdits et parfois dangereux tels que les filets dérivants, l'augmentation de la salinité de l'eau de mer à cause du dessalement. Bellout propose d'alterner le repos biologique à chaque fois dans une région. « Malheureusement, nous assistons à la destruction des récifs et les responsables du secteur ne font rien pour arrêter ce massacre », affirme-t-il. Les contrôleurs ne font pas leur travail, d'après lui, ce qui pousse à la détérioration systématique du secteur. Pourtant, il existe un décret exécutif qui interdit la pêche du poisson et de la sardine de moins de 11 cm. Or, la taille marchande de la sardine n'est pas respectée dans les 31 ports de pêche existant à l'échelle nationale. La taille de la sardine pêchée se situe entre 4 et 5 cm. Pour pallier ce problème, Benalia Lakhdar propose l'installation de la police de la mer. D'après lui, ce n'est pas la ressource halieutique qui fait défaut en Algérie mais plutôt la non-application de la loi qui a engendré cette situation. Bellout incrimine le grand business et le trafic de poisson car tant que ce produit trouve preneurs à n'importe quel prix, parmi les hôtels et autres entreprises bien loties, cettte situation n'est pas près de prendre fin. Pour étayer ses propos, le représentant des pêcheurs a fait savoir qu'il existe 600 espèces de poissons et l'Algérie est le pays le plus riche en corail rouge. Etant donné que cette ressource n'est pas valorisée, l'Algérie importe du poisson de pays voisins comme le loup et la dorade d'Espagne ou le rouget et le merlan de Tunisie. Outre ces insuffisances, il y a également la pollution des fonds marins qui n'est pas sans effets négatifs sur le patrimoine halieutique. D'ailleurs, les oursins qui sont très sensibles à la pollution n'existent plus, ont fait savoir les deux animateurs de la conférence. Outre les déchets en tous genres déversés directement en mer, 120.000 bateaux transitent par les côtes algériennes polluant ainsi l'espace marin en raison des opérations de vidange et autres rejets, ont-ils affirmé. Cette pollution peut porter préjudice aux produits de la mer alors qu'il n'y a pas de vétérinaires dans les ports pour contrôler leur qualité hormis à Annaba, Oran et Alger.