Hé ! S'il vous plait, on ferme les yeux pour un voyage dans le temps. Dans les temps géologiques. Ça y est, nous voilà au Sahara, dans le Hoggar, avec, tout autour, des paysages paradisiaques, des forêts luxuriantes, des cours d'eau distillant la fraîcheur et des bêtes d'un autre monde. Les habitants qui nous reçoivent sont d'abord dubitatifs face à nous, des créatures qui surgissent d'ailleurs, de nulle part. Hé.... Bonjour ! nous arrivons d'Alger... Nous sommes vos descendants. Nous arrivons du nord du pays pour un pèlerinage, une « ziara », c'est une coutume, une tradition chez nous et puis c'est un honneur de rencontrer nos anciens. Devant ces déclarations d'amour et de reconnaissance, ils sont restés sans voix, savourant nos éloges. Qu'on se le dise d'emblée. Même si on ne peut pas parler la même langue, à des milliers d'années de distance, l'on peut se comprendre par la langue du cœur ! Nos hôtes nous invitent à nous installer, à nous débarrasser de notre accoutrement : parka, capuchons et bottes. Vous voyez, il ne fait pas froid, il fait bon, nous affirment-ils, pour détendre l'atmosphère. Juste ce qu'il faut, nous dira un autre. Nous nous confondrons en remerciements pour l'accueil et l'hospitalité si légendaires qu'on chante jusqu'à nos jours. Alors nous nous débarrassons de nos smartphones et nos tablettes obsolètes et encombrant nos mouvements et enfilons quelques peaux soyeuses pour entamer le séjour par une tournée de rêve à travers monts et vallées verdoyants et bruissant d'eau fraîche tout le long du chemin. Sentant notre passage, de nombreux petits animaux s'évanouissent dans la forêt ne laissant derrière que les craquements des branches. Après une longue marche éreintante pour nous, nous débouchons sur un lac où les jeunes barbotent dans l'eau limpide à la couleur du ciel et où les femmes s'affairent aux tâches domestiques. Ce sont nos maisons, notre village, nous disent nos compagnons, nos ancêtres. La nourriture est abondante et variée, faites de céréales, de fruits, de légumes et de gibier. C'est franchement la vallée de l'abondance ! Notre arrivée au campement suscita quelque brouhaha, la surprise est totale, elle est perceptible dans le croisement des regards et les postures des sentinelles. Aussitôt dissipée cette méfiance, nous nous sentons chez nous, comme dans le temps des grands-parents. Alors commence l'apprentissage à la vie des ancêtres, aux métiers de la terre, de la chasse et de la cueillette des fruits comestibles dans l'immense forêt protectrice. Quel Paradis ! ! Si ce n'est pas celui des origines, il lui ressemble à s'y méprendre. Encore une fois, fermons les yeux et partons pour le Nord, en messagers, révéler le grand secret des jardins de l'Eden.