Une villa de cinq chambres et deux salons à 15.000 DA, alors que pour un simple pièce-cuisine, le prix oscille entre 7.000 et 9.000 DA. Pour les bungalows privés, c'est une autre histoire. Leur location se fait déjà en mars et avril. La mise en place d'une politique efficace pour réduire le déficit en matière d'hébergement en période estivale passe par l'encouragement des investissements dans le domaine touristique. Dans la région côtière de Marsa Ben M'hidi, c'est l'anarchie totale. Les constructions illicites font légion dans cette contrée supposée être une vitrine frontalière. Hormis quelques façades de maisons bien entretenues, au niveau des quartiers, c'est une précarité horrible à cause de l'installation désordonnée de ses habitants. L'absence, voire le laisser-aller des services de l'urbanisme, le manque de contrôle, encouragent ce phénomène qui prend de l'ampleur. Un site balnéaire sans recherche architecturale. C'est le même constat sur les autres plages que compte la wilaya de Tlemcen. Les habitants louent leurs maisons aux estivants venus des quatre coins du pays. Pratiquement tous les habitants des régions côtières se sont versés dans cette activité. C'est que la saison estivale rapporte gros. Pour les propriétaires d'appartements, ils peuvent avoir une rente estimée à 60 millions de dinars. Pour ceux qui possèdent des villas, c'est carrément le double. A travers ces régions, on construit l'hiver pour louer l'été. Abdid Boubkeur, directeur des études et des projets, contacté à ce sujet, dira : « Le secteur touristique demeure fortement concurrentiel où l'investissement est lourd, en particulier dans l'hébergement, où le professionnalisme, la compétence et la connaissance des réseaux internationaux sont des facteurs décisifs de compétitivité. Seule l'initiative privée est à même de valoriser le potentiel touristique existant, de contribuer à l'élargissement des capacités financières du pays et la création d'emplois. De nos jours, développer le tourisme ne consiste plus à construire des hôtels et des restaurants n'importe où. Si cette attitude a prévalu au début, elle est maintenant contrôlée. Car à l'ère du tourisme de masse, les aménagements conçus de façon empirique et anarchique n'ont plus droit de cité. Le tourisme doit devenir une industrie dans notre pays. Nous ne pouvons plus parler du tourisme, par exemple, sans évoquer le thermalisme qui est l'une des formes touristiques les plus anciennes, particulièrement en Algérie. Il s'agit de la création de nouvelles villes d'eau. » Dans la wilaya de Tlemcen, la direction du tourisme a élaboré plusieurs projets devant renforcer le parc hôtelier et réhabiliter les stations thermales pour promouvoir le tourisme local. S'ajoutent les études des zones touristiques dans les régions d'Aïn Adjroud, Honaine, Ouled Benayed et Bkhata, et ce, pour un montant de 22 millions de dinars pour une superficie totale de 405 hectares. Malheureusement, les investisseurs tardent à lancer leurs projets. C'est également le cas pour le lancement du village touristique, dont l'étude a été faite par un architecte de renom, à savoir Roger Tallibert. Il est implanté à Bider, qui s'étale sur une superficie de 5 millions de mètres carrés. Le déficit en matière d'hébergement est également constaté dans la wilaya d'Aïn Témouchent. Le marché locatif est florissant. Une véritable industrie qui s'est érigée au niveau du littoral témouchentois, qui accueille annuellement entre 5 et 7 millions d'estivants. Les prix sont pratiquement identiques à ceux affichés à Tlemcen. Face à ce déficit en matière d'infrastructures touristiques, les autorités locales ont engagé une mesure d'urgence en matière d'hébergement, et ce, à travers la réalisation de nombreux projets, dont un village touristique à Rachgoun. Ce projet sera réalisé par Touring Voyages Algérie (TVA). Il s'agit d'un village touristique selon les normes internationales, comportant un hôtel, des bungalows, des restaurants, des piscines, un théâtre de plein air, une salle de soins et de thalassothérapie. De l'avis de l'expert en tourisme, Abid Boubkeur, « la mise en œuvre du programme d'aménagement touristique ne peut se borner uniquement à la construction d'équipements touristiques et de loisirs, sans tenir compte des équipements connexes qui conditionnent leur réalisation ». Selon lui, le programme d'implantation des équipements touristiques doit nécessairement envisager le développement de l'infrastructure technique et du secteur tertiaire. La mise en œuvre d'un tel programme ne peut s'effectuer dans les conditions d'une implantation d'équipements éparses, réalisée par une multitude de promoteurs. Elle impose des solutions intégrales qui exigent de traiter le tourisme comme un secteur de l'économie nationale. « Un aménagement intégral comprend donc l'équipement complet en installations touristiques de tout le terrain, la création d'une base de dessertes et de transport et, ensuite, le développement touristique des différentes localités », a-t-il souligné.