Le défi est brillamment relevé. Dans « cette belle histoire qui se termine et une belle histoire qui commence », pour reprendre la formule heureuse du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, la nouvelle ère économique annonce la volonté de l'Etat de disposer de toutes les richesses nationales pour un décollage économique dans le monde impitoyable de la mondialisation sans état d'âme. Le retour de l'un des plus beaux fleurons de l'industrie algérienne, le complexe d'El Hadjar, est plus qu'un motif de fierté. Le transfert de la totalité des actifs, dûment garanti par l'accord signé par les parties algérienne et indienne, représente un engagement de l'Etat de préserver et de renforcer l'outil de production stratégique rénové et adapté aux impératifs du développement national. Il signifie aussi le choix incontournable du partenariat international gagnant-gagnant qui ne peut, toutefois, se satisfaire des défaillances en matière de gestion et de l'effort d'investissement jamais réalisé par la multinationale indienne ArcelorMittal peu respectueuse des engagements pris de modernisation et du plan de relance resté lettre morte. Le monumental échec du géant indien de la sidérurgie conforte le patriotisme économique de l'Algérie, du reste légitimé par la doctrine du protectionnisme chère aux pays les plus développés, en Europe comme aux Etats-Unis. Mais, la bataille décisive passe inévitablement, à la lumière de cette expérience malheureuse, par la prise de conscience salutaire et la mobilisation des travailleurs interpellés par le sort de leur entreprise et leur propre devenir. A l'heure d'une crise mondiale aiguë, la seule alternative est assurément déterminée par le principe du compter sur soi pour comptabiliser la « dernière chance » de sauvetage clairement énoncée par le ministre de l'Industrie et des Mines, affichant des ambitions à la hausse, pour une production estimée entre 12 et 13 millions de tonnes. Place désormais à la productivité et à la stabilité pour gagner le pari de la réappropriation du patrimoine industriel national. « Je rappelle que cette récupération a été aussi une revendication des travailleurs. Qu'ils prennent leurs responsabilités, s'agissant d'une étape importante de notre économie », a indiqué Bouchouareb. Le devoir de vérité commande les urgences édictées par le ministre de l'Industrie et des Mines : la bataille de la production et des parts de marché, pour remporter le défi de la concurrence. « L'Etat ne sera pas en permanence en soutien à cette entreprise », a-t-il précisé.