La Tunisie a tourné la page du gouvernement contesté de Habib Essid pour mettre le cap sur « l'efficacité ». Une nouvelle équipe, dirigée par le Premier ministre Youssef Chahed, a pris le relais pour tenter de relever les défis sécuritaires, du chômage endémique et de la lutte contre la corruption, érigés en priorités majeures. En attendant le vote de confiance du Parlement, prévu dans une douzaine de jours, le gouvernement d'union a opéré un lifting marqué du sceau du rajeunissement (14) et de l'entrée en force des femmes (6 ministères et 2 secrétariats) dans un cabinet qui comprend 26 minsitre et 14 secrétaires d'Etat. Le plus jeune Premier ministre dans l'histoire moderne du pays, issu du parti majoritaire Nidaa Tounes, privilégie la quête du consensus matérialisé, conformément aux dispositions de l'accord signé en juillet à Carthage par neuf partis et trois organisations nationales, par une meilleure représentativité des forces politiques (7 partis) et sociales (deux personnalités syndicales, Mohamed Trabelsi, chargé des Affaires sociales, et Abid Briki à la tête du ministère de la fonction publique et de la bonne gouvernance). Si effectivement les impératifs de stabilité ont commandé la reconduction aux postes-clés de l'Intérieur et de la Défense, respectivement détenus par Hédi Majdoub et Farhat Horchani, les nouveautés sont à rechercher notamment dans la désignation de Ghazi Jeribi et de Lamia Zribi à la tête des départements importants de la Justice et des Finances. 17 autres ministres font aussi leur entrée dans le « gouvernement de sauvetage », caractérisé par la présence renforcée d'Ennahda et la participation de l'opposition de gauche (Samir Taieb de la Voie démocratique et sociale à l'agriculture et Iyad Dahmani chargé des relations avec l'Assemblée parlementaire). Les enjeux de la relance économique et de la lutte contre le terrorisme nécessitent la « conjugaison des efforts de tout le monde » pour répondre aux aspirations du changement rêvé par le peuple tunisien. Lors d'une conférence de presse, tenue à Diar Dhifa, pour annoncer son cabinet « composé d'un grand nombre de compétences » en dépassement du système de quotas, le nouveau chef du gouvernement a affirmé qu'il « s'attellera à lutter contre le terrorisme, à consolider la sécurité, à améliorer la lutte contre la corruption, à mettre l'accent sur les énergies renouvelable, les nouvelles technologies et les petits métiers ». La nouvelle ère nécessite, dira-t-il, « des efforts, des sacrifices exceptionnels, qui nécessitent du courage, de l'abnégation, et des solutions extraordinaires » pour redonner espoir à une population laminée par le chômage de masse, la déliquescence des services publics et la baisse du pouvoir d'achat. Tout reste à faire dans les domaines névralgiques de l'éducation, la santé, la formation professionnelle, les transports publics et l'alimentation en l'eau potable... pour combattre la désespérance nationale.